Cette statue fut dédiée à l'officier municipal
Joseph-Grégoire Chapuis suite au martyr que cet homme subit lors de son
exécution et pour les idées qu'il représentait. Il fut le premier à vouloir officialiser le mariage civil et
fut condamné pour ce crime en l794 sous l'accusation de fomenter des idées
anarchiques par le Prince-Evêque de Liège.
Après ses études à Paris, il revient à Verviers en 1785 et
participe à une association qui veut aider les déshérités.
On sait ce qu’il advint de la principauté de Liège dans les
années 1790.
Ce démocrate engagé devint suspect dès que les Français
durent battre en retraite en mars 1795.
Rentré imprudemment à Verviers, il fut arrêté par les hommes
du prince-évêque. Son épouse mourut alors qu’il était en prison.
Le 30 décembre 1795, il fut condamné à mort, après neuf mois de détention.
Le 2 janvier 1796, il fut décapité, place du Sablon (place du
Martyr), de façon assez choquante.
"Mort pour l’indépendance du pouvoir civil". "L’éducateur
et bienfaiteur du peuple".
Deux inscriptions sur le socle de son monument à propos desquelles il n’y a rien à redire.
Verviers 11 ou 12/04/1761, Verviers 02/01/1794
Les
figures de martyr ne sont pas légion dans l’histoire de la Wallonie. Le sort
réservé à Grégoire-Joseph Chapuis le range cependant dans cette catégorie car,
lors de la seconde restauration du prince-évêque de Liège , il est arrêté et condamné à mort pour sa participation active aux
révolutions qui agitèrent la principauté de Liège en général, la bonne ville de
Verviers en particulier, depuis août 1789. Le 2 janvier 1794, il est décapité
pour l’exemple.
Incité par son père, chirurgien, à se former à la médecine dans les
Provinces-Unies (Bréda) et en France, le jeune Verviétois passe notamment deux
années à Paris (1784-1785) au cours desquelles il est sensibilisé aux idées de
progrès et de liberté. Maître-accoucheur diplômé à son retour à Liège (1785),
il est le premier chirurgien à pratiquer une césarienne en région verviétoise.
Cofondateur d’une association appelée la Chambre des Zélés, il se fixe comme
double objectif de secourir les pauvres et de propager l’instruction. Il
contribue notamment à l’ouverture d’une école élémentaire du soir.
. Quand la Révolution française gagne la principauté de Liège, on retrouve G-J. Chapuis parmi les propagandistes des idées nouvelles. Tout au long de l’année 1790, il donne très régulièrement des conférences dont le thème principal porte sur les Droits de l’Homme et sur ses devoirs.
. Propagandiste, Grégoire-J. Chapuis
n’exerce pas de responsabilité durant la première révolution, contrairement à
son frère aîné, Hubert Chapuis, qui, lors de la première restauration
autrichienne, est banni à perpétuité pour avoir exercé une magistrature.
Lorsque la France républicaine conduite par Dumouriez annexe la principauté
(automne 1792), Grégoire-J. Chapuis accepte cette fois de faire partie de la
nouvelle administration en raison de la forte demande populaire à son endroit.
Officier municipal en charge de l’État civil, il se fait un devoir de célébrer
les mariages civils, symbole de la sécularisation de toute la vie sociale.
Très vite cependant, les Autrichiens reprennent le dessus,
et le prince-évêque, à nouveau rétabli dans ses fonctions, promet une amnistie
générale (mars 1793). Se pensant en sécurité dans son foyer, Chapuis ne part
pas en exil et reprend ses activités de médecin. Mal lui en prit. Dès avril, il
est arrêté, emprisonné à Liège et, le 30 décembre, condamné à mort.
. La sentence
est rapidement exécutée : il est décapité sur la place du Sablon, à Verviers,
le 2 janvier 1794. Il est ainsi le dernier condamné à mort de l’Ancien Régime,
selon la formule de Freddy Joris, en tout cas l’un des derniers, dans la mesure
où Jean-Denis Bouquette et Augustin Behogne connaissent le même sort, à Huy, en
mars 1794.
. Si un hommage lui est rendu durant les premières années qui
suivent sa disparition, l’oubli s’installe et la place est même rebaptisée place
des Récollets, une évocation peu en rapport avec les idées du martyr. Son
souvenir ne sera ravivé qu’à partir des années 1870, notamment quand Chapuis
est au cœur d’un drame en quatre actes et en vers écrit par Émile Bauvin, ou
quand Joseph Demoulin lui consacre un poème et l’exalte comme un Saint-Just
verviétois.
. L’une ou l’autre biographie avait déjà paru quand un Comité spécial
se met en place pour organiser un concours littéraire et surtout élever un
monument à la gloire du martyr. Le Comité rassemblait des personnalités
libérales de Verviers, certaines actives dans l’industrie, et Thil Lorrain fut
chargé d’écrire une forte biographie, qu’il intitula Le Docteur martyr. En
1875, les autorités de Verviers renomment le lieu en place du Martyr et, en 1880,
un monument est érigé en mémoire de Chapuis, "mort pour l'indépendance du
pouvoir civil".
. Inauguré à l’occasion du 50e anniversaire de 1830, le monument
comprend un socle de 4 mètres de haut en pierre bleue d’Écaussines et une
statue en bronze de même taille où les traits du visage de Chapuis sont empruntés à Armand Wéber (dont chacun
admettait la ressemblance) en l’absence de toute représentation du visage de
Chapuis. La dédicace "Éducateur et bienfaiteur du peuple – Mort pour
l’Indépendance du pouvoir civil " synthétise à la fois l’œuvre de Chapuis et
les valeurs libérales, voire anticléricales, que défendent ceux qui l’honorent.
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