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Rue Xhavée Verviers
Le
théâtre fait son cirque ! Pourquoi ce titre ? Parce que au début, le théâtre et
le cirque étaient très proches. Comme les Baladins du Miroir de nos jours, les
comédiens allaient de ville en ville avec les musiciens, les magiciens, les
acrobates et autres cracheurs de feu ; un peu comme dans le théâtre de rue ou
la zieneke-parade aujourd’hui.
Histoire du Grand-Théâtre de Verviers
Au début du XVIII° siècle,
Verviers ne compte que 5 000 habitants, et la vie est alors
principalement concentrée autour des deux places (place Verte et place du
Martyr). À l’époque, Verviers est une bourgade verdoyante.
C’est en 1774 que Velbrück, en tant
qu’avant-dernier Prince-Évêque, autorise la construction d’une salle de
spectacle sur la rive gauche de la Vesdre. Celle-ci, la salle
« Dutz » puis « Fauconnier » du nom des propriétaires
successifs, remplaça une salle du Collège St-Bonaventure qui accueillait
occasionnellement des représentations théâtrales exclusivement religieuses.
L’industrie de la laine fit prospérer la ville et la
fit connaître mondialement. Son nombre d’habitants augmenta considérablement
pour atteindre 9 875 habitants en 1814 et 19 592 quinze ans plus
tard, en 1829. Verviers se fit connaître pour sa laine et pour son activité
culturelle : la ville comptait de nombreux salons de musique et huit
petits théâtres.
En plus de la salle Dutz/Fauconnier, il y avait: Le
Vieux Bourg (Place Verte), Le Manège (Rue du Manège), Nouveautés (rue du
Collège), Variétés (Rue de la Montagne), Théâtre Renouprez (Terre Hollande),
Palace (Rue Jardon), Coliseum (Rue Xhavée). Plus tard, certains sont devenus
des cinémas, puis ont disparu.
En 1820, les salles deviennent trop petites pour les
industriels et les bourgeois de la ville qui décident la construction d’un
premier « vrai » théâtre à Verviers. Après maintes discussions quant
au meilleur endroit, le Roi des Pays-Bas Guillaume VI d’Orange (la
ville faisait alors partie des Pays-Bas) obtint de la Régence de la Ville de
Verviers de céder gratuitement une portion de la place Verte pour ériger cette
nouvelle salle.
La Ville accepta à la condition que le théâtre devienne propriété de la ville trente ans plus tard.
La Ville accepta à la condition que le théâtre devienne propriété de la ville trente ans plus tard.
Les bourgeois de Verviers avaient lancé une
souscription donnant droit à une loge héréditaire attribuée à chaque acquéreur.
La pose de la première pierre de ce qui allait devenir « la Bonbonnière »
eut lieu le 17 juillet 1820 sous la direction de l’architecte
liégeois Auguste-Marie Vivroux.
Ce théâtre de style Empire avait des allures de temple
grec avec ses quatre colonnes ioniques et son fronton triangulaire.
Une reproduction en peinture se trouve en haut du grand escalier.
Il fut achevé en octobre 1821 et inauguré en février 1822. Il comptait alors 750 places et était pourvu d’une acoustique exceptionnelle. D’abord investie de troupes de théâtre occasionnelles, la Bonbonnière disposera de sa propre troupe, professionnelle et permanente, dès 1830. En 1841, on dota même la salle d’un éclairage de 118 becs de gaz. Et comme prévu, la salle devint propriété de la ville en 1853.
Il fut achevé en octobre 1821 et inauguré en février 1822. Il comptait alors 750 places et était pourvu d’une acoustique exceptionnelle. D’abord investie de troupes de théâtre occasionnelles, la Bonbonnière disposera de sa propre troupe, professionnelle et permanente, dès 1830. En 1841, on dota même la salle d’un éclairage de 118 becs de gaz. Et comme prévu, la salle devint propriété de la ville en 1853.
En 1852, la Bonbonnière fut agrandie pour accueillir
200 spectateurs supplémentaires. Les autorités municipales durent faire appel à
la charité publique (qu’on appela des « souscriptions volontaires »)
pour recueillir auprès de la population les 2 500 francs indispensables à
cette transformation. Celle-ci lui fit perdre sa qualité acoustique et le
public le trouva vétuste. Le lieu fut déserté au profit des salles alentour.
Les membres du comité qui, le 16 juillet 1820, construisit
le premier théâtre de Verviers ( F.X.Simonis, Président, Arnold
Godin, Arnold et Edouard Biolley et N.J. Collet ), en présence des bourgmestres
Cornet et Iwan Simonis, posèrent solennellement la première pierre
du théâtre qui jusqu'à son remplacement par l'édifice construit en
1897, devait pendant 3/4 de siècles, donner à nos ancêtres une scène
lyrique de premier plan.
Armand Weber né à Verviers 1844 et y décédé en 1918), publia,
sous le pseudonyme de l'anagramme de son nom ( Bernard Mawé ) " une
histoire du théâtre de Verviers"(1890) en cinq volumes particulièrement
fouillés : critiques théâtrales, liste des troupes, répertoire et quantité de
menus faits, dignes d'intérêt.
Revenons au théâtre il était l'oeuvre de l'architecte
Auguste-Marie Vivroux-Clairbois ( Liège 1795- Verviers 1867 ) à qui nous devons
également l'église Saint-Anne ( 1837) l'obélisque de Sommeleville ( démoli en
1900) et le château des Mazures d'Edouard Biolley.
En 1874, le théâtre fut démoli. En 1888, un concours
d’architectes fut organisé et, des trente et un projets déposés, c’est celui
de Charles Thirion (1838-1920) qui fut retenu.
Charles Thirion, maître du projet verviétois, reçut une
proposition similaire en vue de construire à San José, capitale du
Costa-Rica, un théâtre digne de ce nom.
Enclavé entre le Nicaragua et Panama, ce petit État d’Amérique Centrale, à peine deux fois plus grand que la Belgique, souhaite obtenir le privilège d’une escale des tournées des plus grandes vedettes de la scène du moment.
Aucune infrastructure similaire n’existe dans le pays que dédaignent dès lors les ténors et divas itinérants. Le projet de Charles Thirion reçoit l’agrément des autorités locales qui inaugurent à leur tour officiellement, et avec tout le faste requis, le Teatro Nacional en 1897.
Enclavé entre le Nicaragua et Panama, ce petit État d’Amérique Centrale, à peine deux fois plus grand que la Belgique, souhaite obtenir le privilège d’une escale des tournées des plus grandes vedettes de la scène du moment.
Aucune infrastructure similaire n’existe dans le pays que dédaignent dès lors les ténors et divas itinérants. Le projet de Charles Thirion reçoit l’agrément des autorités locales qui inaugurent à leur tour officiellement, et avec tout le faste requis, le Teatro Nacional en 1897.
Il ne s’agit pas d’une copie conforme en tout points,
mais plus exactement d’un frère jumeau puisque l’édifice costaricien propose
quelques légères variantes architecturales tout en conservant pour l’essentiel
les caractéristiques du Grand Théâtre de Verviers.
Point commun de part et d’autre : une imposante
coiffe en acier en provenance de la sidérurgie liégeoise, mais aussi une
disposition intérieure entièrement similaire en ce qui concerne la bonbonnière
proprement dite. Seule différence a ce niveau, la décoration générale qui revêt
une allure baroque plus conforme à la tradition latino-américaine. Pour le
reste, quelques détails extérieurs modifient la physionomie générale de
l’édifice qui ne peut pourtant par renier les origines de son frère aîné
verviétois.
À l’époque, la superficie de la ville s’arrêtait à la fin
de la rue Vieille-Xhavée, à la hauteur de la Porte d’Ensival.
. C’est sur le terrain vague appelé « Chic-Chac » ( actuelle
place des Victoires) appartenant à la ville que commencent les travaux en
1891. Ils dureront jusqu’en 1895. L’édifice est érigé sur une surface de
1650 mètres carrés. Puisque l’endroit est non bâti, la nouvelle construction
est particulièrement bien dégagée
Le Théâtre fut le premier en Belgique à être
entièrement électrifié.
On pouvait alors y accueillir 1.300 spectateurs
; aujourd’hui, il reste 800 places disponibles.
Le nouveau
théâtre est donc une initiative publique. Tout comme l’hôtel de ville, il est
surmonté de la devise : « Publicité sauvegarde du peuple ». La scène du
Grand-Théâtre sera honorée des initiales S.P.Q.V. ( le sénat et le peuple de
Verviers) évoquant l’arc de triomphe de Trajan à Rome ( senatus populus que
romanus).
L’intérieur est disposé à la manière des théâtres à
l’italienne de style Louis XIV. Draperies et guirlandes blanc et or, balcons,
loges et plafond ornés de scènes mythologiques, fauteuils et chaises de velours
rouge resplendissent sous les feux de 300 lampes électriques.
En effet, les merveilleuses portes en verre actuelles étaient alors en bois tout comme celles qui persistent sur les côtés extérieurs du théâtre et c’est par ces portes que le peuple accédait par des escaliers aveugles au « paradis ».
De même, le foyer de 152 mètres carrés en style Louis XVI
était strictement réservé aux bourgeois.
La soirée inaugurale organisée par la Société de Chant
qui organise toujours le Concours International de Chant actuel, eut lieu le 29
septembre 1892. La vedette de cette soirée était le grand violoniste
Eugène Ysaye.
L’eau courante n’existe pas à l’époque. Il fallait
alimenter en haut les bars,les toilettes et apporter à boire aux artistes. Les
porteurs d’eau couraient empruntaient des portes dérobées reliant les étages
entre eux, afin d’apporter l’eau nécessaire à tous et en tous lieux.
Le nouveau théâtre était un monument exceptionnel pour
une ville qui, à l’époque, comptait peu d’habitants, mais il reflétait l’image
que les industriels voulaient donner de la ville.
. Verviers était connue pour avoir un public exigeant. Le
regard particulier du public verviétois sur la culture est de tradition. Une
explication est avancée pour ça : après l’indépendance ( 1830 ),
le théâtre est doté d’une troupe permanente.Les artistes engagés par le
directeur lui communiquaient une liste d’œuvres qu’ils souhaitaient présenter
au public lors de la nouvelle saison.
Les artistes devaient paraître dans les trois rôles choisis par le directeur, c’est-à-dire selon l’expression consacrée : les 3 débuts. Les abonnés étaient appelés à se prononcer dans un vote secret sur le maintien de chacun des artistes dans le cadre de la troupe. Les bulletins déposés dans une urne étaient dépouillés par le bourgmestre lui-même (ou son représentant). Pour réussir cette épreuve appelée « ballotage », chaque artiste se voyait dans l’obligation d’obtenir 3/5e du total des voix exprimées (hormis les votes blancs).
S’il n’obtenait pas ce quota, son contrat était immédiatement résilié, mais il devait assurer les prestations jusqu’à ce que son remplaçant soit trouvé. C’est pourquoi on disait et on dit encore : « un spectacle qui passe à Verviers passera partout! ».Il n’était pas rare à l’époque d’avoir deux spectacles la même soirée en semaine, et même trois le dimanche, c’est-à-dire jusqu’à 8 heures de représentations. On pouvait assister le même soir à un opéra-comique suivi d’un drame ou d’une comédie.
Fréquemment on mangeait sur place ou dans les cafés environnants. Il y avait parfois aussi des animations extérieures.
Les artistes devaient paraître dans les trois rôles choisis par le directeur, c’est-à-dire selon l’expression consacrée : les 3 débuts. Les abonnés étaient appelés à se prononcer dans un vote secret sur le maintien de chacun des artistes dans le cadre de la troupe. Les bulletins déposés dans une urne étaient dépouillés par le bourgmestre lui-même (ou son représentant). Pour réussir cette épreuve appelée « ballotage », chaque artiste se voyait dans l’obligation d’obtenir 3/5e du total des voix exprimées (hormis les votes blancs).
S’il n’obtenait pas ce quota, son contrat était immédiatement résilié, mais il devait assurer les prestations jusqu’à ce que son remplaçant soit trouvé. C’est pourquoi on disait et on dit encore : « un spectacle qui passe à Verviers passera partout! ».Il n’était pas rare à l’époque d’avoir deux spectacles la même soirée en semaine, et même trois le dimanche, c’est-à-dire jusqu’à 8 heures de représentations. On pouvait assister le même soir à un opéra-comique suivi d’un drame ou d’une comédie.
Fréquemment on mangeait sur place ou dans les cafés environnants. Il y avait parfois aussi des animations extérieures.
Description:
Le hall présente un vaste escalier d’honneur en marbre
grège, précédé de deux escaliers latéraux en fer à cheval. On y admire
également des colonnes néo-corinthiennes et de gracieuses balustrades.
Dans les niches jouxtant les escaliers latéraux, on peut admirer les bustes d’Henri Vieuxtemps (célèbre violoniste et compositeur verviétois 1820-1881, il était considéré de son vivant non seulement comme le plus grand virtuose du violon de l'époque, mais comme l'héritier direct de Paganini) et de Roberto Benzi (né à Marseille en 1937).
Pour la petite histoire, , la présence d’une effigie de ce dernier tient plus du vedettariat car elle évoque un événement qui mit littéralement en transe les amateurs de musique verviétois.
En 1949 fut programmé un concert donné par un orchestre de 70 musiciens dirigés par un jeune prodige alors âgé d’à peine 12 ans. Sous sa baguette impérieuse et magistrale, l’orchestre fournit une prestation qui laissa le public pantois. À la sortie de ce chef en culotte courte, il fallut faire appel à la police pour canaliser la foule en délire. Le Grand-Théâtre de Verviers est dit « théâtre à l’italienne » et est de style Louis XIV. Des draperies et des guirlandes blanc et or, des balcons et des loges, un plafond où sont représentées des scènes de mythologie (peintes par le liégeois Bergmans), le velours rouge des fauteuils (contrairement à ceux de la Bonbonnière qui étaient de velours bleu) resplendit sous la lumière diffusée par 300 ampoules électriques. Le théâtre de 1892 pouvait accueillir 1 350 personnes, aujourd’hui, technique oblige, seules un peu plus de 800 places restent disponibles.
Le plan intérieur est identique à celui du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, l’Opéra de Paris ou encore la Scala de Milan. La salle présente une élévation sur 5 niveaux :
Dans les niches jouxtant les escaliers latéraux, on peut admirer les bustes d’Henri Vieuxtemps (célèbre violoniste et compositeur verviétois 1820-1881, il était considéré de son vivant non seulement comme le plus grand virtuose du violon de l'époque, mais comme l'héritier direct de Paganini) et de Roberto Benzi (né à Marseille en 1937).
Pour la petite histoire, , la présence d’une effigie de ce dernier tient plus du vedettariat car elle évoque un événement qui mit littéralement en transe les amateurs de musique verviétois.
En 1949 fut programmé un concert donné par un orchestre de 70 musiciens dirigés par un jeune prodige alors âgé d’à peine 12 ans. Sous sa baguette impérieuse et magistrale, l’orchestre fournit une prestation qui laissa le public pantois. À la sortie de ce chef en culotte courte, il fallut faire appel à la police pour canaliser la foule en délire. Le Grand-Théâtre de Verviers est dit « théâtre à l’italienne » et est de style Louis XIV. Des draperies et des guirlandes blanc et or, des balcons et des loges, un plafond où sont représentées des scènes de mythologie (peintes par le liégeois Bergmans), le velours rouge des fauteuils (contrairement à ceux de la Bonbonnière qui étaient de velours bleu) resplendit sous la lumière diffusée par 300 ampoules électriques. Le théâtre de 1892 pouvait accueillir 1 350 personnes, aujourd’hui, technique oblige, seules un peu plus de 800 places restent disponibles.
Le plan intérieur est identique à celui du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, l’Opéra de Paris ou encore la Scala de Milan. La salle présente une élévation sur 5 niveaux :
la salle présente une élévation sur 5 niveaux :
- le parterre/parquet (dont les fauteuils d’orchestre) ceinturé de baignoires (338 places),
- un balcon doublé de loges (dont la loge royale au centre) (169 places),
- un second balcon (121 places),
- un amphithéâtre (126 places),
- un paradis/pigeonnier/poulailler (81 places),
- 6 loges d’avant-scène.
En tout 835 places aujourd’hui.
Si l’espace entre les sièges vous semble exigu, il ne
faut pas perdre de vue que le théâtre avait été pensé et construit selon les
mensurations de l’époque, et que la population a, en moyenne, grandi d’une
vingtaine de centimètres en un siècle et que les corpulences se sont modifiées.
La verrière était autrefois transparente et permettait d’éclairer à la lumière du jour. Ce théâtre étant une initiative publique, la scène du Grand-Théâtre fut honorée des initiales S.P.Q.V. (le sénat et le peuple de Verviers), évoquant l’arc de Triomphe de Trajan à Rome (senatus populus que romanus). À l’époque les autorités faisaient graver cette phrase lorsqu’ils mettaient un bien à la disposition du peuple. SPQR est devenu SPQV, le R de Rome ayant laissé la place au V de Verviers.
La verrière était autrefois transparente et permettait d’éclairer à la lumière du jour. Ce théâtre étant une initiative publique, la scène du Grand-Théâtre fut honorée des initiales S.P.Q.V. (le sénat et le peuple de Verviers), évoquant l’arc de Triomphe de Trajan à Rome (senatus populus que romanus). À l’époque les autorités faisaient graver cette phrase lorsqu’ils mettaient un bien à la disposition du peuple. SPQR est devenu SPQV, le R de Rome ayant laissé la place au V de Verviers.
On remarquera aussi différents noms sous la coupole :
- Wagner : compositeur allemand,1813 – 1883
- Gretry : compositeur liégeois, 1741-1813
- Gounod : compositeur français, 1818 – 1893
- Auber : compositeur français, 1782 – 1871
- Meyerbeer : compositeur allemand, 1791 – 1864
- Rossini : compositeur italien, 1792 – 1868
On ne sait pas exactement pourquoi ceux-ci ont été
choisis plutôt que d’autres (toutes les archives du Théâtre ont brûlé lors de
l’incendie de 1987), on sait seulement qu’il s’agit de compositeurs de
l’époque, sans autre point commun particulier.
Tout ce luxe, toute cette splendeur avait un but :
on allait au Théâtre pour voir, mais surtout pour être vu! ( ce que permettait
parfaitement la forme de fer à cheval de la salle).
Car le théâtre, outre son aspect artistique, comporte une dimension sociale incontournable. À l’époque, les classes sociales ne se mélangent jamais. La bourgeoisie entrait par le parvis, les portes en verre actuelles étaient alors en bois (tout comme celles qui persistent sur les côtés extérieurs du théâtre).
Car le théâtre, outre son aspect artistique, comporte une dimension sociale incontournable. À l’époque, les classes sociales ne se mélangent jamais. La bourgeoisie entrait par le parvis, les portes en verre actuelles étaient alors en bois (tout comme celles qui persistent sur les côtés extérieurs du théâtre).
Seule la « haute bourgeoisie » avait accès au
hall d’entrée ainsi qu’à l’escalier d’honneur en marbre et aux deux escaliers
latéraux en fer à cheval. Même la « petite bourgeoisie » ne pouvait emprunter
le hall d’entrée, un accès de côté leur était réservé mais, contrairement au
petit peuple, celui-ci présentait l’énorme privilège d’avoir un accès visuel
sur le parvis, d’où on prenait plaisir à admirer les tenues, les bijoux et le
service.
Quant au « petit peuple », lui, il accédait par des escaliers aveugles, c’est-à-dire sans la moindre visibilité sur le « beau monde », jusqu’au Paradis ou Poulailler (où se trouvait également la régie de l’époque). L’endroit est le plus élevé du Théâtre, d’où le surnom de « Paradis ».
Quant au « petit peuple », lui, il accédait par des escaliers aveugles, c’est-à-dire sans la moindre visibilité sur le « beau monde », jusqu’au Paradis ou Poulailler (où se trouvait également la régie de l’époque). L’endroit est le plus élevé du Théâtre, d’où le surnom de « Paradis ».
Quant à l’explication du « Poulailler », c’est
simplement parce qu’un brouhaha émanait en permanence du lieu : on y
caquetait, l’émotion était très forte. Pour la plupart des ouvriers, les places
étaient offertes en récompense par le patron, ils étaient en sortie
exceptionnelle, ils venaient voir le Grand Monde, admiraient les lampes
électriques, le faste de la décoration et des dorures … Malgré l’inconvénient
certain de se retrouver aussi haut placé, le public assis au Paradis bénéficie
d’une fantastique qualité sonore, n’oubliez pas que le son monte.
Même à cette hauteur, vous pouvez entendre sans mal et très distinctement ce qui se dit sur scène, soit 5 étages plus bas!
Même à cette hauteur, vous pouvez entendre sans mal et très distinctement ce qui se dit sur scène, soit 5 étages plus bas!
Chaque porte d’entrée correspondait donc à une catégorie
sociale. Mais les différences sociales se ressentent aussi jusque dans la
décoration de la salle. Plus on descend, plus les ornements sont travaillés,
plus les dorures abondent et plus les sièges sont confortables.
Au Poulailler, les sièges sont en bois et les places
étroites (voire inexistantes : les étudiants restaient debout), les
toilettes sont plus que rudimentaires et le bar très exigu.
Juste en dessous, à l’étage intermédiaire, on remarque
l’apparition de couloirs, toujours relativement étroits, le bar plus grand et
les toilettes plus spacieuses.
Au deuxième étage, principalement destinés à la petite
bourgeoisie, les couloirs sont plus larges, le décor change, les sièges ne sont
plus totalement en bois mais les dossiers sont rembourrés et recouverts de velours
rouge.
Au premier étage, comme au rez-de-chaussée, c’est le faste du beau monde. Les sièges s’apparentent à des fauteuils intégralement recouverts de velours rouge, assises et dossiers rembourrés. Le Foyer (152 m² de style Louis XVI) est strictement réservé aux bourgeois.
Au premier étage, comme au rez-de-chaussée, c’est le faste du beau monde. Les sièges s’apparentent à des fauteuils intégralement recouverts de velours rouge, assises et dossiers rembourrés. Le Foyer (152 m² de style Louis XVI) est strictement réservé aux bourgeois.
Il faudra attendre 1975 pour que les portes en bois
soient remplacées par les actuelles portes en verre, reléguant ainsi
définitivement au passé les différences de classes sociales.
Certes il existe toujours une différence de prix entre les différentes places, mais au-moins elles sont devenues accessibles à tous!
Certes il existe toujours une différence de prix entre les différentes places, mais au-moins elles sont devenues accessibles à tous!
Primitivement appelé « foyer des loges » car il
était uniquement réservé aux spectateurs riches, bourgeois qui occupaient le
parterre, les loges ou les baignoires.
Salle rectangulaire de 152 m², très confortable, bien proportionné et luxueusement décoré de style Louis XVI en blanc et or. Le plafond est décoré de multiples peintures attribuées à Berchmans (scènes mythologiques, motifs floraux, instruments de musique et armoiries de la ville de Verviers).
Salle rectangulaire de 152 m², très confortable, bien proportionné et luxueusement décoré de style Louis XVI en blanc et or. Le plafond est décoré de multiples peintures attribuées à Berchmans (scènes mythologiques, motifs floraux, instruments de musique et armoiries de la ville de Verviers).
Trois portes-fenêtres apportaient une généreuse lumière
et la porte centrale ouvrait sur le balcon recouvrant la galerie extérieure.
Sur le vitrail d’une de ces portes, on peut lire « Vert et Vieux »
rappelant la soi-disant origine du nom Verviers. Or, tous les historiens
s’accordent à dire que cette origine est complètement fantaisiste. Deux
théories s'opposent à ce sujet : le terme Verviers proviendrait de
- « Virovirius », nom d'un personnage qui aurait vécu en Somneleville où la tradition place une villa gallo-romaine (Version de V. Tourneur)
- Viroviacus, composé de « Virovius », nom d'un personnage et d'un suffixe celte-acus, qui traduit une idée d'appartenance, serait à l'origine du nom de notre ville. (Version de H.Baiverlin).
Quant à la troisième hypothèse concernant l'origine du
nom de notre ville, bien qu'elle ait été démontrée invraisemblable par les
historiens, je vais vous la conter comme Jean Le Mercier, qui administrait
Verviers en 1564, la fit transcrire :
« Il y avait autrefois, au Marquisat de Franchimont,
un village appelé Crotte […] Ce village était situé vis-à-vis de la montagne de
Hombiet, sur la rive gauche de la Vesdre. Ce village ayant été détruit pendant
les guerres des Sarrasins, les habitants commencèrent à défricher les bois où
est aujourd'hui Verviers et y bâtirent des maisons. Le bois s'appelait Vieux
Chêne en raison des arbres qui y poussaient.
On dit que ce fut un évêque de Liège qui, admirant la beauté et la verdure de cet endroit, défendit d'encore l'appeler Vieux Chêne mais bien Alt und Grün, ce qui signifie vert et vieux.
Mais le patois wallon le remplaça et l'endroit prit le nom de Vert et Vieux d'où émergea d'abord Vervi puis Vervier […] Le «s» ne fut ajouté que bien longtemps après. »
On dit que ce fut un évêque de Liège qui, admirant la beauté et la verdure de cet endroit, défendit d'encore l'appeler Vieux Chêne mais bien Alt und Grün, ce qui signifie vert et vieux.
Mais le patois wallon le remplaça et l'endroit prit le nom de Vert et Vieux d'où émergea d'abord Vervi puis Vervier […] Le «s» ne fut ajouté que bien longtemps après. »
Voilà pour la légende. De nos jours, le Foyer sert
toujours de bar-salon mais aussi de salle polyvalente et accueille les concerts
du dimanche matin, des concerts de jazz, des cabarets, conférences, récitals de
chant ou de poésie … dans une ambiance plus intimiste (capacité de 120 places
assises).
La scène mesure 10 m sur 10 et est précédée d’une
avant-scène qui peut être prolongée par le recouvrement de la fosse
d’orchestre. Elle a une pente de 4 %, ce qui signifie que chaque fois que
vous faites un mètre vers le fond de la scène, vous montez de 4 cm, il y a donc
une différence totale de 40 cm entre le début et le fond de la scène. Pour
certains spectacles qui nécessitent un sol parfaitement droit, on est obligé de
recouvrir intégralement la scène afin de combler la différence de niveau.
Les rideaux ont aussi toute leur importance. Le premier
est le traditionnel rideau de scène en velours rouge. Tout contre se trouve le
rideau de fer qui sert à séparer la salle de la scène en cas d’incendie, ainsi
que le rideau d’eau pour éteindre celui-ci. Le plafond de la scène est formé de
volets qui se dressent en cas d’incendie pour évacuer la fumée.
Certains décors mesurant jusqu’à 9 m de haut, il a fallu construire les plafonds à plus de 18 m afin de pouvoir sans encombre les soulever en cas de changement de plateau et permettre ainsi les jeux scéniques les plus complexes. Invisibles aux yeux du public, la scène est entourée de passerelles fixes et mobiles, de poulies, de panneaux, de trappes, de glissières… ainsi que d’un cintre où on loge les décors et projecteurs. Autrefois les décors et costumes étaient entreposés dans un bâtiment, appelé magasin, situé rue du Manège, victime lui aussi d’un incendie qui le ravagea le 08 décembre 1976 et qui aurait été relié au théâtre par un souterrain.
Certains décors mesurant jusqu’à 9 m de haut, il a fallu construire les plafonds à plus de 18 m afin de pouvoir sans encombre les soulever en cas de changement de plateau et permettre ainsi les jeux scéniques les plus complexes. Invisibles aux yeux du public, la scène est entourée de passerelles fixes et mobiles, de poulies, de panneaux, de trappes, de glissières… ainsi que d’un cintre où on loge les décors et projecteurs. Autrefois les décors et costumes étaient entreposés dans un bâtiment, appelé magasin, situé rue du Manège, victime lui aussi d’un incendie qui le ravagea le 08 décembre 1976 et qui aurait été relié au théâtre par un souterrain.
Face à la scène se trouve la loge royale. Du côté cour se
trouve la loge des conseillers et côté jardin, celle des échevins. Dans le
temps ces loges étaient souvent louées (souvent à l’année) par de riches
familles. À l’arrière de ces loges, on trouve un coquet petit salon tapissé de
rouge, avec de confortables fauteuils en velours rouge, pour se reposer, boire,
manger, ou encore traiter des affaires. Une tenture de velours rouge sépare ce
petit boudoir de la loge proprement dite. La vue et l’acoustique sont
d’ailleurs assez médiocres de ces loges, on y allait pour être vu plus que pour
voir.
En guise de conclusion à cette visite virtuelle, nous
pouvons ajouter que ce Théâtre a aussi vu défiler de tout temps les plus grands
noms du théâtre, du chant, de la musique, de l’humour. Verviers a également
toujours été un vivier d’artistes (c’est aussi ici qu’a démarré le Théâtre
National belge).
Le nombre d’artistes, dans des secteurs aussi variés que possibles, originaires de notre petite ville est surprenant! Musiciens, chanteurs, humoristes, peintres, dessinateurs, illustrateurs, écrivains, architectes … Les Verviétois ont, de tout temps, marqué les générations par leurs talents artistiques !
Le nombre d’artistes, dans des secteurs aussi variés que possibles, originaires de notre petite ville est surprenant! Musiciens, chanteurs, humoristes, peintres, dessinateurs, illustrateurs, écrivains, architectes … Les Verviétois ont, de tout temps, marqué les générations par leurs talents artistiques !
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