la caserne (ancienne)
rue de Stembert
1. Historique de la caserne
. Il faut attendre la fin de l'année 1881 pour voir la ville de Verviers dotée d'une garnison permanente. Quelque quarante ans plus tôt, la possibilité en avait déjà été évoquée, mais les tractations n'avaient pas abouti. C'est ainsi que, fin décembre 1842, plusieurs conseillers communaux avaient suggéré que le Gouvernement accordât à Verviers une garnison de mille hommes.
. On peut supposer que nos conseillers avaient pris en considération l'importance" grandissante de la Ville : le cap des vingt-mille habitants franchi, la construction du chemin de fer Liège-Verviers-Aachen ainsi que la création d''une gare de première classe et d'une douane. En outre, en gestionnaires avisés et réalistes de la chose publique, ils avaient calculé " les recettes supplémentaires d'octroi qu'occasionnerait la présence d'un régiment".
. Malheureusement pour eux, le casernement devait être offert par la Ville. Aussi nos rusés conseillers estimèrent-ils qu'il était sage de ne pas proposer au Gouvernement, tablant sur l'obligation morale où se trouvait placé celui-ci de caserner la troupe à ses frais dès que la mise en service du chemin de fer de la Vesdre aurait permis de classer définitivement Verviers parmi les cités importantes du royaume.
De fait, en 1845, le pouvoir central prenait une initiative , mais la proposition Gouvernementale ne concernait que deux cents hommes et était toujours subordonnée à la fourniture du casernement par la Ville.
. Le 28 mars, le conseil communal unanime estima "qu'il n'y avait pas lieu d'établir une garnison à Verviers aux frais de la ville".
Le gouvernement n'en persista pas moins dans son idée et, en juin 1845, le ministre de la Guerre dépêche un officier du génie avec mission d'examiner les emplacements convenables et de dresser ensuite les plans d'une caserne d'infanterie pour deux cents hommes. Le terrain comprenait une prairie située à l'emplacement de la rue Chapuis et deux maisons de la rue de l'Harmonie.
. Mais le projet en resta là et la ville n'eut pas sa garnison.
C'est donc le 01 décembre 1881 qu'un bataillon du 9° régiment de Ligne, sous les ordres du major Caneel, vint tenir garnison à Verviers. La troupe est casernée dans une usine de la rue de Limbourg, ancienne fabrique de drap, exploitée par la famille Hauzeur.
Le 23 décembre 1884, le 9° de ligne quitte Verviers pour Liège, d'où arrive un bataillon du 10°régiment de Ligne, sous les ordres du major Claude, assisté notamment des capitaines Leclerc et Van Mieghem, et des sous-lieutenants De weue et Hodon.
. Le 25 novembre 1887 sont lancées les premières adjudications pour le terrassement, fondations, citernes et égouts d'une nouvelle caserne à construire chemin de Stembert.
Le 30 juin 1890, le 11ième bataillon (venant de Namur) du 12ième Régiment de Ligne sous commandement du Major Siron occupe la caserne flambant neuve comme première unité de l’armée.
Son architecture, mise en valeur par notamment le quotidien local « Le Nouvelliste », est un exemple de construction innovatrice, conçue et réalisée par le capitaine Sinet (Génie) qui avait été désigné par la ville de Verviers comme ingénieur principal. Les spécificités de l’époque étaient les trois bâtiments principaux très spacieux.
Situé à front de rue, le premier comprend le porche d’entrée, le poste de garde, les mess pour officiers et sous-officiers, les bureaux de l’État-major et des logements pour deux ou trois ménages de soldats ou sous-officiers mariés.
. Le second bâtiment, de dimensions imposantes, est capable de recevoir la troupe d’un bataillon d’infanterie de l’époque. Les grandes annexes constituent le troisième bâtiment et groupent sanitaires, salle d’armes, ateliers de réparation, les douches, le hall d’exercice, la cuisine de la troupe, la buanderie et la lampisterie.
La presse locale ne manque pas de souligner l’abondante aération des locaux, la généreuse alimentation en eau potable doublée d’une économique récupération des eaux de pluie, l’ingéniosité du système de fonctionnement continu des bains-douches, le perfectionnement constitué par le chauffage à la vapeur des cuves de la cuisine-troupe et enfin le judicieux agencement de la buanderie avec ses châssis de séchage montés sur des chariots. L’éclairage des locaux est toujours fourni par des lampes à pétrole.
Construite aux frais de l’État, la caserne a coûté plus de 600.000 francs belges de l’époque.
. Un bataillon du 12ème Régiment de Ligne va y tenir garnison pendant 34 années de paix : le 2ème bataillon jusqu’en 1898 sous les ordres, successivement des Majors Siron, Ghesquière et Janssens ; le 1er bataillon, à partir de 1898 sous les commandements successifs des Majors Dewez, Deruette, Decour et Van Rolleghem.
Le coût total, intégralement pris en charge par l’État, s’élevait à 690.000 francs.
Le 9 août 1913, l’école de régiment déménage également de Bouillon à Verviers.
Pendant la mobilisation d’août 1914, le 11ième bataillons rejoint le Régiment à Liège, et connait son baptême du feu en situation de guerre au Sart-Tilman.
Le 28 septembre 1918, la Major Adolphe Cogniaux, à la tête de son bataillon faisant partie du 12ème Régiment de Ligne, est tué par l’ennemi à Langemark pendant l’assaut de la forêt d’ Houthulst.
Le 1er décembre 1918, le 3ième bataillons du 12ième de Ligne est muté de Liège à Verviers.
. Début juillet 1919, on assista au retour triomphal du 12ième de Ligne et du 4ième Chasseurs. Cependant, le 12ièmeLigne quitta définitivement la caserne le 25 juillet 1919, afin de rejoindre le reste de son Régiment à Liège.
A son tour, le 4ième Chasseurs part le 13 octobre 1920 et est remplacé par le 11ième de Ligne, lequel quitte également le 7 mai 1924, pour céder sa place à un bataillon du 15ième de Ligne. Ce dernier fut dissout le 29 janvier 1926 et absorbé par un bataillon du 1ier Ligne sous le commandement du Major Blanchard.
. Afin de pouvoir héberger le reste du Régiment à Verviers, une demande d’extension est introduite le 3 juillet 1934.
Le 16 juillet 1934, le nom « Quartier Major Cogniaux » est attribué à la caserne.
En 1935, deux nouveaux blocs sont réalisés ce qui permet d’augmenter la capacité de la caserne de deux bataillons, permettant donc aux trois bataillons du 1ier de Ligne d’ y être hébergés sous le commandement du Colonel Sieben.
. Le 5 décembre 1935 a lieu l’inauguration officielle de la caserne agrandie, en présence du Ministre Albert Devèze. Le coût total des transformations s’élève à 7 millions de francs.
Le 10 mai 1940, le 1er de Ligne quitte la caserne pour la guerre, sur les traces de ses ancêtres en 1914.
Après la Deuxième Guerre mondiale, la caserne connaît un va-et-vient de différentes unités :
· 01/02/1946 : Hôpital de Campagne 1
· 01/09/1946 : 22ème bataillon d’ Artillerie
· 05/07/1948 : 3ème Centre de regroupement
· 15/09/1951 : 9ème et 14ème de Ligne
· 01/09/1953 : 15ème bataillon GTA (défense aérienne)
· 03/01/1954 : 3ème d’ Infanterie.
. En octobre 1962, le 14ème bataillon de Transmissions déménage de Aachen à Verviers. Suite à la réorganisation de la Force Terrestre, ce bataillon est dissous le 28 février 1969, pour devenir la 14ème Compagnie de Transmissions (14 Cie TTR). Celle-ci déménage à Dellbruck (A) et réintègre, ainsi que l’État-major (Quartier Général) de la 1èreDivision, la caserne de Verviers le 3 août 1978.
En juin 1979, le Quartier Major Cogniaux héberge une Compagnie du Quartier Général (Cie QG) ainsi qu’un détachement de la Police Militaire.
. Une nouvelle réorganisation fera fusionner le Cie QG avec la 14 Cie TTR en « Cie QG et TR ».
En 1990, l’État-major et la Cie QG et TR de la 1ère Division sont dissouts en temps de paix.
2. Historique de la 20ème Cie TTR
La 20ème TTR est fondée le 22 novembre 1939 pendant la réorganisation des transmissions, et incorporée dans la Division des “Chasseurs Ardennais” à Fallais-Les-Hannut, dans la province de Liège.
La 20ème TTR a participé à la campagne de 18 jours de l’Armée Belge en mai 1940 ! Le Capitaine Luycks, Chef de Corps à l’époque, fut blessé près de Tielt le 27 mai 1940 et remplacé par le Lieutenant de réserve Godeau.
. Pendant cette campagne, un sous-officier et une dizaine de caporaux et soldats seront tués.
En raison de sa ténacité, son dévouement, son courage et l’exécution rigoureuse de ses lourdes tâches, souvent cachée et méconnue, durant cette campagne, la 20ème TTR, ainsi que d’ autres unités de transmission, reçut une distinction honorifique au sein de l’Armée.
. En 1952, la 20ème TTR fut assignée en temps de guerre à la réserve Générale des Forces Intérieures, et la compagnie fut dissoute…
Le 1 mars 1969, la 20ème TTR a été reformée suite à la réorganisation des Forces Belges en Allemagne. Issue des 2ème et 21ème bataillons TTR (Bn TTR Div), elle a reçu comme mission de réaliser les transmissions pour le compte de l’Artillerie Nucléaire du 1er Corps (BE).
. Le premier Chef de Corps était le Major De Bruyn, lequel a connu la Compagnie dans sa forme initiale et accompli les premières missions.
. En 1974 le Major a cédé le commandement au Major Grandelet. C’est durant la période 1974-1976 que la 20ème TTR a connu une augmentation significative de son personnel et du matériel, et qu’elle a pris sa structure définitive.
Le 21 avril 1975 les militaires de 20 TTR ont échangé leurs bérets kaki pour les bleus des Unités d’Artillerie, pour lesquelles ils réalisaient les transmissions depuis 1969.
Les Chefs de Corps suivants furent le Commandant Baerts (9 juillet 1976 au 23 juin 1983) et le Major Braem (du 23 juillet 1983 au 26 mars 1986).
. En 1985 la Compagnie a connu sa deuxième réorganisation importante, avec le passage au système RITA (Réseau Intégré de Transmission Automatique) lequel est devenu opérationnel le 30 octobre 1985.
Le 26 mars 1986 le Major Auquiere a repris de commandement d’une Compagnie dont la structure était totalement différente en comparaison avec sa formation.
Le Major Albin Temmerman reprenait, à son tour, le commandement d’une toute nouvelle Unité le 22 juin 1989, entièrement restructurée et réorganisée.
. La 20ième TTR fut équipée de postes de radio ultra-modernes, et changeait de mission et de hiérarchie en étant à nouveau sous les ordres du CTTR et 1er Corps (BE).
Suite à la restructuration de la force TTR, la 20ème TTR quittait son quartier de Dellbruck durant l’été 1990 afin de s’installer à Verviers, dans la caserne « Major Cogniaux » sise rue Carl Grün 13 (Stembert).
. La 20ème TTR devient dorénavant la compagnie radio (« Compagnie HF Radio ») du 1er Corps (BE).
En 1991, la 20ième TTR part en Iraq pour participer à l’opération « Provide Comfort » dans le cadre de la guerre du Golf.
En 1994, le service militaire fut supprimé sous l’impulsion du Ministre Leo Delcroix.
. Le 5 février 1995, les derniers miliciens étaient démobilisés de leur service. Ceci constitue la fin officielle du service militaire en Belgique, en vigueur depuis le 30 août 1913.
Le vendredi 10 juin 1994, la 20ième TTR défile pour la toute dernière fois devant l’hôtel de ville de Verviers, devant les Autorités de la Ville et la Direction des Armées. Après un dernier passage en revue des troupes, environ 100 militaires, on honora encore les opérateurs radio qui ont servi en Yougoslavie.
. La plupart des militaires ont déjà quitté la caserne de Verviers fin octobre 1994. Une majorité part à Saive, Marche-en-Famenne ou Peutie. La dissolution de la 20ème TTR a déjà commencé, et fin 1994 le dernier militaire ferma définitivement la porte de la caserne.
. La compagnie est dissoute : la fraction purement opérationnelle sera intégrée à la 4ème TTR de Saive, laquelle devint à son tour la seule unité TTR de support aux Unités de Combat, également situées à Saive.
Suite à une nouvelle réorganisation, la 4ème TTR fut modifiée début 1995 en 4 BN QG TR (4e Bataillon Quartier Général et Transmissions).
. Finalement elle devint le 4 Gp CIS (4ème Groupe Communication and Information Systems), et déménage de Saive à Marche-en-Famenne.
En 2000, il fut décidé d’une énième restructuration des Forces Armées. Les Forces classiques seront supprimées et remplacées par des Divisions. Entretemps, le 1er Corps (BE) ne dispose plus de division combattante mais seulement 2 brigades de combat logées à Bourg-Léopold et Marche-en-Famenne.
. Les Forces TTR furent transformées pour des raisons évidentes en CIS, et placées sous commandement d’une Corporate Commando G6.
Le Groupement CIS comporte actuellement les unités suivantes : le 4ème Groupe (Gp) CIS à Marche-en-Famenne, le 5ème Gp CIS à Tournai, le 6ème Gp CIS à Peutie et le 10ème Gp CIS à Bourg-Léopold.
3. Destination de la caserne
En 1995 la gestion du site de la caserne est retirée à la Défense du Territoire, et cédée officiellement au département « Achat Bâtiments » du Ministère des Finances, lequel met en vente le complexe en 1999. Malgré le prix réduit de 750.000 EUR, peu de candidats sont intéressés.
. Par acte du 16 mai 2001, une partie des bâtiments militaires désaffectés, notamment les hangars et le parking sis rue des Charrons (superficie de 2,48 hectares), est vendue à la SPRL Verviers Invest au prix de 255.330 EUR (10.300.001 FB).
Cette situation change en 2003 quand, sous l’impulsion du projet immobilier shopping « Spintay » réalisé par Foruminvest (une société d’investissement), un nouveau vent tourne dans l’élan commercial de Verviers, et les investisseurs redécouvrent le site de la caserne.
. On parle d’un projet qui réaliserait de 80 à 120 lofts de 90 à 200m², et ceci sur une superficie de 31.200 m².
Finalement, par acte du 19 août 2005, les terrains et bâtiments de l’ancienne caserne sont vendus à la sa G.P. Invest, laquelle fait partie du Groupe Promo SA de La Louvière, et qui a fait l’offre la plus élevée de tous les candidats : 1.970.000 EUR.
. Le projet consisterait à transformer le tout en une quarantaine de maisons, appartements, lofts ainsi que quelques espaces commerciaux. La salle de sport serait entièrement rénovée et maintenue en tant que tel pour notamment les 2 écoles du quartier et les clubs sportifs.
. L’ensemble est désormais revendu au promoteur immobilier Anversois Joseph Van Den Bergh. Celui-ci crée, par l’intermédiaire de ses SA Bergh Invest (promoteur) et Key Invest (maître d’ouvrage) ainsi qu’en collaboration avec le bureau d’architectes « Lejeune Giovanelli SPRL » de Pepinster, le project immobilier ambitieux du « Clos des Fontaines » qui s’étend sur 3,5 hectares.
La ville de Verviers obtient également qu’un bâtiment soit consacré à une séniorie, et que quelques magasins soient aménagés rue de Stembert.
. On ne parle plus de la rénovation de la salle de sports.
Fin 2008, le premier bâtiment est terminé : « Résidence La Grâce » lequel comporte 41 appartements, 2 studios et 49 places de parking. Dans cet ancien Bloc C se situait auparavant l’État-major.
Mi 2011 il y avait l’achèvement du bâtiment « Résidence Natalis » comprenant 8 appartements, 6 studios, 8 garages et 2 emplacements de parking.
. C’est l’ancien Bloc B à gauche de l’entrée de la caserne, où se trouvait, notamment l’infirmerie.
Entre-temps, les travaux du troisième bâtiment « Résidence Rio », qui sera subdivisé en 61 appartements et 5 studios, avancent bien. Il s’agit de l’ancien Bloc D, à droite de l’entrée principale. C’est là que se trouvaient le poste de garde, les chambres des miliciens et quelques VC (Volontaires de Carrière) aux étages, ainsi que la salle d’armes au rez-de-chaussée.
L’investissement total s’élèverait à plusieurs millions d’euros.
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