samedi 16 avril 2016

piloris



Pilori: naturellement les passant s'interroge sur le sens de ce terme qui requiert quelques explications.

 Sur la place de Xhovémont, face à l'église, se dresse une colonne que certains appellent à tort un perron, qui est un fait un pilori.

Qu'est-ce qu'un perron? qu'est-ce qu'un pilori ? 

Tout d'abord qu'entend-on par "perron" ?

.    Une littérature, assez diverse, nous parle de pierre druidique, de monument Eburon, de poteau de justice germanique, de croix de juridiction, etc. ; la croix était devenue une simple colonne. A l'origine, le perron est un banc de pierre ( (petra)  ensuite un pilier de justice, le pilori. Il s’orthographie indistinctement: peron, perron, pairon, d'où proviennent les noms de famille.

.    Au Moyen-Age, il est un signe de puissance de la juridiction: le suzerain y reçoit son vassal; les hôtels de ville disposent d'un perron où les prévôts rendent la justice; les perrons sont munis de "montoire".



.    On donne à ce terme, cette étymologie: du provençal, peiro, perro, peiron, et du bas latin, pétronus, de petra, pierre.
.   Au fil des temps, le perron est un signe des libertés communales; c'est le symbole des franchises; Charles-le Téméraire enlèvera le perron liégeois (1468) pour démontrer que Liège avait perdu ses libertés.
                    
   Le 15e siècle est l'ère des perrons: Sart ((1457), Theux-Franchimont (1456), Herve (1407), etc. Bien que ses origines en soient assez obscures, notre premier perron semble dater de (1458); il fut aussi démoli par les troupes de Charles-le- Téméraire (1468) et réédifié (1470).





.  Plus certain est l'octroi, en 1534, par le prince-évêque Erard de la Marck, d'un perron à Verviers et à Sart; en 1567, il fut restauré: quatre lions issus du socle, soutenaient la colonne. 1655 marque une nouvelle restauration









Ceci est l'ancien perron; le nouveau (donc, l'actuel) date de 1732; il se double d'une fontaine, ce qui nécessite quelques mots sur l'adduction de l'eau à la place du Marché.
                   
 Au 16e siècle, alors que le ruisseau de Mangombroux avait son tracé normal par la rue du Pont, une partie de son eau était détournée (1599-1761) par la rue de Heusy, coulant dans une rigole, au milieu de la rue, puis de Crapaurue, pour rejoindre le canal des Usines, au pont aux Lions. En 1688, une tuyauterie de plomb remplace la rigole jusqu'à la place du Marché et un projet de fontaine voit le jour; il ne sera réalisé qu'en 1732: c'est notre perron actuel, surmontant la fontaine monumentale avec ses quatre vasques. On regrettera que cet ancien monument de notre cité n'ait plus trace de la porte de bronze armoriée



C'est le cas de Verviers l'actuelle fontaine remplace en 1732 le perron de 1534.



                    
.    A Theux, un morceau de perron primitif est conservé dans la cour du palais des Princes-Évêques à Liège ; élevée en 1537, il avait été démoli au XVIII° siècle puis remplacé par celui que nous admirons aujourd'hui (1767).



.   Sart possédait son perron, octroyé en même temps qu'à Verviers par le Prince-Evêque Erard de la Marck (1534); la colonne actuelle date de 1904.



.   Le cas de la commune de Jalhay est particulière; elle posséda aussi son perron auquel il n'y a plus de trace aujourd'hui dans le village ; certains historiens  pensent que le " boulté ou bourté qui se dresse entre la Baraque- Michel et le Mont Rigi dont le sens est baratte et pilon pour battre le beurre dans la baratte,et qui serait l'ancien perron déjà cité en 1744 ; la traditionnelle pomme de pin qui surmonte cette colonne justifierait-elle cette thèse.



 .   Spa avait un perron (1457) près du pouhon ; aujourd’hui fait de bronze, c'est une fontaine place du Marché.  

Ce tour d'horizon contribue à situer le cas de Petit-Rechain et de préciser pourquoi il s'agit d'un pilori.



 .   C'est un appareil où était autrefois exposé publiquement un condamné; avant 1789, le pilori était un poteau que tout seigneur haut justicier avait le droit de faire élever dans ses terres comme un signe de son autorité; à ce poteau étaient attachés une chaîne et un collier de fer, ou carcan que l'on passait au cou des individus condamnés à être exposés au regard du public. Ce châtiment fut supprimer à la révolution française. Celui des Halles à Paris, est resté célèbre.
Le 16 octobre 1794, le baron Henri-Frédéric de Libotte époux de la comtesse de Hamel, fit édifier ce monument non pas comme un signe de liberté ou de franchise, mais pour affirmer son droit seigneurial comme cela ressort du discours inaugural du greffier de la baronnie P.S Hauregard qui nous informe et en remerciant le baron et le maïeur Simar, de ce que " pilori " ou carcan (sic) embellit le lieu et constitue le signe patibulaire du haut justicier qui tend directement à refréner les désordres et à les réprimer.



  Le pilori est composé, tout comme les perrons d'une colonne, mais ici elle est surmontée, non pas d'une pomme de pin traditionnelle , mais d'un vase de Louis XVI. Cette colonne repose sur une base quadrangulaire à laquelle on a ajouté une marche en 1853. Un écusson porte, jumelées, les armoiries du baron Henri-Frédéric de Libotte et de son épouse Marie-Marguerite de Hamal.

















  BIBLIOGRAPHIE:
Une étude consacrée aux "perrons de l'arrondissement de Verviers" a paru sous la plume érudite de Maurice Pirenne, dans le tome XIII  du bulletin de la société d'Archéologie et d'Histoire.








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