Selon les estimations de l’historien « en 1563 le bourg de Verviers comptait environ 750 familles, réparties comme suit : 324 à Verviers, 65 dans le Hodimont verviétois, 26 à Andrimont, 21 à Neuville, 19 à Neufmoulin, 136 à Stembert, 68 à Heusy, et 91 à Ensival ». Plus récemment, Paul Bertholet a pu reconstituer, d’une manière très suggestive, la vie à Verviers au XVIIe siècle.
C’est à cette époque que la ville se dote d’une enceinte qui englobe une superficie non négligeable de terrains vagues. Les fortifications étaient surtout importantes au sud de la ville, depuis la porte d’Ensival jusqu’à celle de Limbourg en passant par la porte de Heusy, reliées entre elles par des murailles renforcées d’un bastion de deux demi-lunes, et de la tour de Bassy.

Au nord, la Vesdre offrait une défence naturelle et Verviers n’était protégé que sur son flanc nord-ouest, avec la porte de Saucy, la tour aux Rats et la porte des Mezelles. La rivière est, en outre, un facteur de peuplement. Traversant l’agglomération d’est en ouest, elle creuse son lit dans un vallon encaissé, flanqué au nord d’une colline abrupte et, au sud, d’une succession de terrasses propices à l’habitat.
Avant 1660, on assiste à un véritable « afflux de population vers une ville en pleine expansion ». la capitation de 1649 a permis à Paul Bertholet d’établir qu’à cette date 80% de la population vit de l’industrie drapière : 569 serviteurs, servantes et apprentis, 114 ouvriers spécialisés, 483 artisans et petits drapiers, 122 marchands drapiers, marchands de laine et petits marchands-drapiers
L’alimentation ne fait vivre qu’environ 5%,
les métiers du métal, du bâtiment, du cuir, de l’habillement 7.5 %, les agents
de l’administration 2.1%, les professions libérales 1.1%. L’intérêt de ce
recensement réside également dans le fait qu’il a été fondé sur une répartition
par quartiers : le premiers comprend la Brassine, probablement Crapaurue
et le Grand Werixhas, le deuxième
Sommeleville, probablement le Marché et la rue de Heusy, le troisième,
Hodimont, Spintay, Trou de marteau, Petit Werixhas, Alentour de l’Hôpital.
Le
développement de la draperie n’est cependant pas continu et harmonieux. Le
désir d’un gain rapide entraîne plusieurs faillites, d’autre part, la forte
immigration provoque un phénomène de prolétarisation, qui est accompagné,
suivant les conclusions de Paul Bertholet, d’une certaine concentration du
capital.
Cette distorsion va amener variété et
contraste dans les types d’architecture urbaine.
D’une part, les maisons modestes à pans
des bois, construites par les « plaqueurs », ouvriers
spécialisés dans la fabrication et le
placement des torchis ; d’autre part, les maisons bourgeoises et les
hôtels de maîtres.
Du point de vue de l’aménagement urbain, le pavage des rues
qui s’amorce dans la seconde moitié du XVIIe siècle va de pair avec l’amélioration
de la distribution d’eau : les fontaines publiques font partie intégrante
du décor architectural. En outre, plusieurs couvents – Carmes, Récollets,
Capucins, Sépulchrines, Récollectines, Conceptionnistes – avec leurs chapelles
et leurs églises ponctuent de leur masse le centre de la ville.
Du XV au XVIIIe
siècle, on assiste au phénomène traditionnel de la fragmentation de la paroisse
primitive : en 1591, Stembert, Heusy et Mangombroux, en 1626, Ensival, en
1730, Andrimont et, par voie de conséquence, à un développent d’entités
socio-économiques autour des sanctuaires.
La maison la plus ancienne que l’on ait
conservée date vraisemblablement de la fin du xve siècle. Sis au 2, rue de la
Tuilerie, elle est dénommée « Maison du Prince ».
On relève la présence de maisons à colombage rue des Raines (maison Lambrette), en Crapaurue (maison Moulan), ainsi qu’aux 4 et 6 place Sommeleville.
De 1950 à 1968, Albert
Puters a été le patient analyste de
L’architecture privée dans la région verviétoise.
L’équipe de l’Inventaire du
Patrimoine monumental de la province de Liège a fait son profit de cette
savante étude, tout en y apportant, à plusieurs reprises, des correctifs
parfaitement compréhensibles. Il en va de même de l’ouvrage classique de
Maurice Pirenne sur Les Constructions verviétoises.
En décrivant la Maison
Moulan, en Crapaurue, construite vers le milieu du XVIIe siècle, Albert Puters
a décelé la présence de pierres de réemploi sculptées à modénature gothique et
se croit autorisé à supposer que « Verviers possédait une maison en pierre
déjà au XVIe siècle, si pas à l’époque gothique ». C’est peut-être
s’avancer un peu loin, du moins en ce qui concerne l’habitation privée,
puisqu’il est attesté, suivant Maurice Pirenne, que la nouvelle Halle, édifiée
de 1527 à 1530, était partiellement en maçonnerie.
En ce qui concerne l’architecture à
laquelle on applique la dénomination de Renaissance mosane, il est frappant de
constater que son style, à Verviers, est considérablement simplifié par rapport
aux exemples liégeois. Elle semble également avoir joui d’une longévité
remarquable. Cependant, la prospérité économique que connaît l’agglomération au
cours des XVII° et XVIII° siècle va provoquer chez les grands industriels un
souci de rénovation architecturale : le style mosan fait place,
progressivement, à partir du dernier tiers du XVIIe.
Le pont de bois de l’Hôpital nouveau (rue Renier) construit en 1670 étant fermé par une porte, la Vesdre constitue un obstacle naturel jusqu’à la Porte des Grandes Rames ; ensuite, c’est la digue qui longe le canal conduisant l’eau au moulin ; de l’autre côté du canal se dresse la Porte de Sècheval, nommée aussi de Sommeleville ou de Limbourg, à côté du couvent des Capucins ; ici, des murailles rejoignent la Porte de Heusy, à travers ce qui étaient des prairies et le vieux chemin de Stembert ; un petit fort y est encastré.
Le pont constituait la limite entre Verviers et Andrimont , cette voie (ancien chemin d'Andrimont ) partait de la porte d'Andrimont ou de l'hôpital nouveau .Andrimont (mont Adri faisait partie du ban de Verviers.
A l'emplacement de la porte un octroi a été érigé (cfr cet article)
La porte du Brou
Porte du Brou.
Au XVII° siècle finisait à la rue Jardon et se heurtait aux fortifications ou une porte y avait été dressée.
Porte de Heusy
Le tracé de la rue de Heusy, où fut construit la porte, est bien ancien; c'est le chemin qui reliait la modeste bourgade de Theux, via le hameau de Heusy
La construction de la porte a eu pour effet de séparer les maisons qui longeaient la voie de Stembert de la cité proprement dite et d'en faireun petit faubourg.
Elle fut démolie en 1863
Porte des Mezelles
En plus de la porte située au début des Mézelles, existait une grosse tour carrée, nommée Tour aux rats. Les récollets en assurèrent la démolition, tout comme ils avaient contribué à l'érection des murailles. Cette tour servait de guet pour la bourgade.
Par le chemin des Heids, on atteignait le couvent les Récollets, préservé par une porte et les murailles de ce couvent, puis de celui des Sépulchrines, , longeant la Vesdre, on retrouvait la Porte du pont de l’Hôpital nouveau, ce qui nous fait achever notre périple autour des fortifications de Verviers, aujourd’hui disparues ; leur achèvement datait de 1675.
Aucune trace ne subsiste de ces
fortifications ; la porte de Heusy fut la dernière à
être démolie (mai 1863).
Il est toutefois intéressant de reconstituer ce que fut cette enceinte
créée au 17e siècle.
Dès 1627, on procède à l’érection d’une partie de l’enceinte ; en
1634, les portes de Sommeleville, Hodimont et Ensival voient le jour ;
après l’octroi à Verviers du titre de ville (1651), l’enceinte est complétée
par les Portes de Heusy, de l’Hôpital et des Grandes Rames.
Porte de Sommeleville ou de limbourg
Porte de Sommeleville ou de limbourg
Les
capucins, ordre religieux, s’installèrent à Verviers au XVII siècle. Non sans difficulté,
ils obtiennent du Prince-Evêque l’autorisation de fonder un couvent en notre
ville. , Après la tour Quentin en Sècheval,
Ils construisirent dans une prairie
en Sommeleville, hors les portes de Limbourg, un couvent adossé aux murs de la
cité (1685-1690). Vu l’occupation Française les religieux furent expulsés et le
couvent transformé en Usine. La statue de la vierge, placée dans une niche, au
côté Est de la place, provient de la façade de l’ancien couvent et par
conséquent de la porte
M.Pirhenne
Porte de Hodimont ou d'Espagne
Jusqu’à la fin du XVIII° siècle Verviers et Hodimont étaient deux communes bien distinctes ; Ce n’était pas uniquement un limite communale qui les séparaient, mais bien une frontière entre états.
Verviers relevait du Maquisart de Franchimont et Hodimont du Duché de Limbourg, sous domination Espagnole. Naturellement, cette porte fut dénommée Porte d’Espagne. Elle était située au lieudit Foxhalles sur le Pont neuf qui enjambait le ruisseau de Dison qui délimitait les deux Communes
. .
Jusqu’à la fin du XVIII° siècle Verviers et Hodimont étaient deux communes bien distinctes ; Ce n’était pas uniquement un limite communale qui les séparaient, mais bien une frontière entre états.
Verviers relevait du Maquisart de Franchimont et Hodimont du Duché de Limbourg, sous domination Espagnole. Naturellement, cette porte fut dénommée Porte d’Espagne. Elle était située au lieudit Foxhalles sur le Pont neuf qui enjambait le ruisseau de Dison qui délimitait les deux Communes
. .
Porte d’Ensival
ou de Xhavée
Après la « Brassine « place Verte actuelle) de verts campagnes prolongeaient celle-ci.
C’est à hauteur de l’actuelle entrée du bassin de natation, que se trouvait la porte d’Ensival dénommée aussi « porte de Xhavée ». A cet endroit, il y eut aussi un octroi ; une maison subsiste avec son toit en bonnet d’Evêque.
Après la « Brassine « place Verte actuelle) de verts campagnes prolongeaient celle-ci.
C’est à hauteur de l’actuelle entrée du bassin de natation, que se trouvait la porte d’Ensival dénommée aussi « porte de Xhavée ». A cet endroit, il y eut aussi un octroi ; une maison subsiste avec son toit en bonnet d’Evêque.
Le pont de bois de l’Hôpital nouveau (rue Renier) construit en 1670 étant fermé par une porte, la Vesdre constitue un obstacle naturel jusqu’à la Porte des Grandes Rames ; ensuite, c’est la digue qui longe le canal conduisant l’eau au moulin ; de l’autre côté du canal se dresse la Porte de Sècheval, nommée aussi de Sommeleville ou de Limbourg, à côté du couvent des Capucins ; ici, des murailles rejoignent la Porte de Heusy, à travers ce qui étaient des prairies et le vieux chemin de Stembert ; un petit fort y est encastré.
Porte du Pont en bois ou de l’Hôpital nouveau
A l'emplacement de la porte un octroi a été érigé (cfr cet article)
La porte du Brou
L’enceinte se prolonge au Sud, épousant à peu près le tracé de la rue du
Palais actuelle, à travers des prairies ; à l’endroit où aujourd’hui se
situent les rues modernes de l’Escalier et de la Colline, une porte fermait la
ruelle Mangay (actuelle rue de Rome) venant de la Place Verte et passant dans
les terrains qui furent utilisés lors de la création de la voie ferrée ;
de là, on gagnait la Porte d’Ensival située en Vieille Xhavée (cfr. Cette rue),
puis celle du Brou, à l’hauteur du Canal où la rivière constituait de nouveau
une défense naturelle ; puis venait, sur la rive Nord, la Porte de
Hodimont, Spintay inclus, puis par les Foxhalles, on gravissait les
Mézelles ; une tour carrée en pierre, la « Tour aux Rats »
(1673) dominait la ville.
Bastion de la ruelle Magay
Depuis des siècles, la place de la Brassine (Verte) marquait la limite sud des surfaces bâties.
Il franchissait, plus ou moins à hauteur des
escaliers actuels, les remparts. Très fréquentée ce chemin fut aussi appelé " chemin des remparts car un bastion y avait été construit.
Depuis des siècles, la place de la Brassine (Verte) marquait la limite sud des surfaces bâties.
Un chemin partait suivant le tracé Nord-Sud
(ru!e de Rome actuelle). Cette voie ( principale à l'époque permettait
de rejoindre les bourgs de Theux, Franchimont, Spa etc.
Porte du Brou.
Au XVII° siècle finisait à la rue Jardon et se heurtait aux fortifications ou une porte y avait été dressée.
Porte de Heusy
Le tracé de la rue de Heusy, où fut construit la porte, est bien ancien; c'est le chemin qui reliait la modeste bourgade de Theux, via le hameau de Heusy
La construction de la porte a eu pour effet de séparer les maisons qui longeaient la voie de Stembert de la cité proprement dite et d'en faireun petit faubourg.
Elle fut démolie en 1863
Porte des Mezelles
En plus de la porte située au début des Mézelles, existait une grosse tour carrée, nommée Tour aux rats. Les récollets en assurèrent la démolition, tout comme ils avaient contribué à l'érection des murailles. Cette tour servait de guet pour la bourgade.
Par le chemin des Heids, on atteignait le couvent les Récollets, préservé par une porte et les murailles de ce couvent, puis de celui des Sépulchrines, , longeant la Vesdre, on retrouvait la Porte du pont de l’Hôpital nouveau, ce qui nous fait achever notre périple autour des fortifications de Verviers, aujourd’hui disparues ; leur achèvement datait de 1675.
En effet, les guerres de Louis XIV en amenèrent la démolition dès …
1676, soit un an après leur achèvement. À part la « Tour aux Rats »,
démolie par les Récollets dès 1678, les Portes subsistèrent quelque
temps : jusque 1800 pour celle de Limbourg ou Sommeleville, et 1863 pour
celle de Heusy, la dernière en date à survivre.
pour infos
pour infos
Le Conseil communal
de Verviers décidait, le 8 Juillet i895, d’adresser au Ministre de l’intérieur,
une demande de vérification et de confirmation des anciennes armoiries de la
ville.
Cette demande fut
renvoyée à l’examen du Conseil héraldique. Celui-ci donna, le 8 Janvier 1896,
un avis favorable, sauf en un point : la ville de Verviers n’avait aucun droit
au port de la couronne murale, attribut réservé aux places fortes.
L’Administration
établit par des documents officiels que Verviers avait été fortifié, et le Roi,
par diplôme du 6 janvier 1898, autorisa la ville de Verviers à reprendre
l’usage de ses anciennes armoiries :
Coupé, en chef :
d’argent à trois lions de sinople, posés deux et un, couronnés d’or, armés et
lampassés de gueules ; en pointe : aussi d’argent, à la branche de chêne au
naturel, englantée d’or ; l’écu surmonté d’une couronne murale d'or. Devise : «
Vert et Vieux ».
Ainsi l’existence
des fortifications de Verviers avait été mise en doute dans une circonstance
bien officielle. Cependant, pour avoir eu une durée éphémère, ces fortifications
n’en ont pas moins une histoire assez curieuse et il nous a semblé qu’il ne
serait pas inutile d’en faire l’objet d’une notice spéciale.
Cette étude est
basée sur l’examen de nombreux documents reposant aux archives de Verviers.
Elle se divise en trois parties: l’origine, l’érection et la démolition des
fortifications.
ORIGINE DES FORTIFICATIONS
Le pays de Liège
avait solennellement déclaré, en 1478, vouloir rester neutre. Cette neutralité
qui avait été formellement reconnue par les puissances voisines, fut loin d être toujours respectée, la principauté ne
fut que trop souvent mise à feu et à sang par les belligérants, et nos ancêtres
furent amenés, à différentes époques, à prendre diverses dispositions pour
mettre le pays à l’abri de toute agression.
Semblable fait se
produisit en 1624 : les Etats du pays de Liège consacrèrent la quatrième partie
des impôts à la sûreté générale, comme nous l’apprend la pièce suivante :
Acceptation de son Alteze par qu’elle appert les Estats
du Pays retiendr le quatrye denier pour la nécessité des fortifications.
Son Alt. Sme,
ayant veu la responce donnée par les deux Estats pst de son pays de Liège, sur
la proposition faite à la journée dernière,' reçognoit suffisamment l’affection
et
promptitude qu’ils portent à son service et à
subvenir aux nécessités publicques, s’accomodans de sa demande', et combien
qu’elle eust fort désiré que d^un comun accord, l’on s’eust résoud de lui
donner les moyens en mains pour pouvoir entretemps -farnir à ses obligations
et guarantiret d’indemniser tant mieux ses subjets, néanmoins considérant que
la conjecture déplorable du temps et la calamité en laquelle se retrouve son
pays à cause des vôlleryes, brigandages, branscatte, allogements, passade et
rapassades de gens de guerre d’une parte et d’autres, ne leur permetteroit de s?es-
largir davantage, elle accepte de très bone parte ce que ses- dits deux Estats
prtf luy ont .accordé et ne manquerai d’en faire raport à sa Majesté impériale,
et d’employer tous autres bons offices à. leur advantage et pour leur
solagement, les assurant de son affection entière envers cest sienne province
liégeoise, se contentant que sesdits Estats ayent la quattre parte de chasque
des moyens accordé pour leur nécessité publique laquelle leur ferat suyvre et
mettre incontinent lesdits recès en exécution avecq l’assistance desdits
députéz.
Fact. au palays
épiscopal de son Altesse de Liège ce
14 maye 1624.
(Signé) Ferdinand.
Verviers était
devenu la localité la plus importante du marquisat de Franchiront ; l’industrie
drapière y était florissante, sa population se montait à plus de 7000 âmes ; de plus Verviers était situé à l’extrême frontière du. pays de Liège,
tout proche de la place forte de Limbourg. Ces diverses circonstances amenèrent
tout naturellement les autorités supérieures à donner des « ordres et commandement
touchant les "barri cadements et cloiture" dudit bourg »
i.
Cette décision
provoqua au sein de la population verviétoise un émoi considérable suivi
bientôt d’une vive opposition. Le magistrat se vit obligé d’en référer au
Prince-Évêque. Le 16 janvier 1625
celui-ci porta le décret
suivant :
16 Janvier 1625.
Ferdinand, par la
grâce de Dieu, etc., etc.
A tous ceux qui ces
présentes verront ou lire orront, salut : scavoir faisons, que de la parte des
bourgmstres et comunalté de nostre bourg de Vervier, nous at esté remons- tré
qu'il soit bien délibéré d effectuer nos ordres et com- mandemt touchant les
barricadements et cloiture dudit bourg pour servir dasseurance contre les
dangers du temps présent et autres qui pourroyent survenir, mais qu aucuns de
nos subjets de leur ressourd feroyent difficulté d’y contribuer leurs devoirs
paines et moyens au détriment du publicque, suppliant très humblement qu’il
nous plaise accorder nos lettres de commandements en ce cas opportunes et
nécessaires, c’est ppurquoy que nous, ce considéré, ordonnons et commandons à
nos dits bourgmestres et comunalté de point seulement barricader et refermer
ledit bourg par les meilleurs moyens et fasson qu’il trouveront convenir pour
l’assurance, mais encore de constraindre les réfractaires d’y coopérer par
toutes voyes de prompte et paratte exécution, les ayant à cette fin autorisé,
coe les autorisons par les présentes.
Doné en nostre cité
de Liège, le saizième janvier mille six cent vingt-cinq.
Les ordres étaient
formels : les habitants furent obligés de s’incliner.
L’année 1625 fut
consacrée à l’examen des voies et moyens.
L’an mille six cent
2^, le 26 jour janvier, nous les mayeur, eschevins, bourgmres et 12
commissaires du ban de Vervier, estant assemblé sur nostre salle et après avoir
meurement ad.visé l’ordonnance et octroyés qu’il at plu à son Alt. Sme prince en son conseil
privé nous donner, avons or- doné à Renard de Stocquis et Herman de Bebrone, am.be deux nos
bourgmaistres modernes de faire ériger des portes aux advenues de nostre bourg
de Vervier en premier lieu commencer à Someleville et rualle de Heuzier.
Avant de conclure,
il est nécessaire de signaler la version de certains
auteurs : d’après eux, au
commencement du XVIIe siècle, des Verviétois avaient conçu
l’ambitieux projet d’obtenir pour leur cité le titre de bonne ville parce que
ce titre lui donnait le droit de représentation aux Etats du Pays; mais qu’on y
mettait des conditions fort onéreuses, principalement celle de fortifier
Verviers : Verviers se serait fortifié à seule fin d’obtenir le titre de bonne
ville. Il y a là une assertion qui est en contradiction avec les documents de
l’époque.
En effet, nous
avons vu qu’en 1624 les Etats du Pays de Liège prenaient des mesures de sûreté
concernant la Principauté tout entière. De plus, le 29 janvier 1626, le Conseil
de Verviers donnait aux bourgmestres l’ordre de commencer les travaux par les
portes de Sommeleville et de Heusy, et ce n’est que plusieurs années après
qu’il est fait mention de la demande des Verviétois.
Le plus ancien document date de 1632; il en
existe d’autres, tous conçus dans le même esprit — c’est une lettre, adressée
par le P.-E. au magistrat de Verviers.
Ferdinand, etc.
Chers et aymés, comme pour votre bien et conservation et autres raisons à ce
nous mouvantes, si- gnamens en cest conjecture de temps, nous trouverions expédient
que nostre bourg de Vervier fust fortifié à l’imitation d’aucunes villes de
cestuy nstre pays, c’est pourquoi vous avons bien voulu ordonner de le
fortifier au plustoz y faisant travailler nos subject qui ce touche, par
corvées, ce estant accomplis, nous tacherons de faire les devoirs convenables
la parte qu’il conviendra^ affin que puissiez jouir des mesmes privilèges et
immunitéz et franchise que les autres villes de cestuy pays, et, tant chers et
aymés, Dieu de mal vous garde. Liège, ce 21 de mai i632.
Cette lettre nous
apprend qu’au moment même où les fortifications s’élevaient, le magistrat de
Verviers était en instance pour obtenir le droit de bonne ville, Le chiffre de
sa population , l’importance de son commerce et de son industrie n’auraient
certes pas permis d’accueillir cette demande
par un refus.
Mais le Prince
profita de la circonstance pour activer l’achèvement des fortifications et il
répondit : « Achevez d’abord de vous fortifier, et après nous tacherons de vous
donner satisfaction ». Telle doit être la cause de la méprise de : certains
historiens.
Que si Ton objecte
qu’il s’agissait de Venceinte de murailles (car il y a eu deux espèces
d’enceinte, comme nous le verrons plus loin) il suffira de faire remarquer que
l’enceinte de murailles a été construite postérieurement au diplôme de i65i ; si l’enceirite de murailles
avait été une condition sine qua non, on eut attendu son achèvement avant
d’accorder le privilège de ville.
Nous concluons donc
que les fortifications de Verviers devaient leur origine, non pas à son
érection en ville, mais bien à la situation troublée de l’époque et faisaient
partie d’un système de défense générale du Pays de Liège.
CHAPITRE II
ERECTION DES FORTIFICATIONS
Les travaux commencèrent en 1626 et durèrent
un demi- siècle. On éleva d’abord une enceinte composée de fossés, de levées de
terre et de quelques portes, puis après on remplaça fossés et levées de terre
par des murailles et on édifia d’autres
portes.
Comme ce point
d’histoire n’a jamais été mis en lumière, il est nécessaire d’entrer dans des
détails.
De Sonkeux nous
apprend que « lorsqu’on eu obtenu le droit de ville (en i651),
on abatit les w
ailes de galons (levées de terre) qui entouroient la ville et on bâtit des murailles » .
Les documents antérieurs au diplôme de 1651 ne font mention que
de fossés, de levées de terre, de portes; à partir de 1651 seulement, il est
question de murailles. Enfin la porte de Heusy dut être déplacée, comme on le
verra plus loin. Il y eut donc deux enceintes.
L’enceinte
primitive formait un rempart terrassé avec fossés talutés et palissadés, tandis
que l’enceinte définitive se composait de divers ouvrages en maçonnerie.
Ce point, établi,
citons deux documents importants : le premier est la description des
fortifications, laissée par un contemporain : de Sonkeux.
« Lorsqu’on eut
obtenu le droit de ville sous les conditions de l’enceinte de murailles, on
travaillât à l’entourer par,des gazons avec demy-lune et bastion sinon que
depuis la porte de Limbourg jusqu’à la porte de Heuzier elle estoit muraillée,
et ladite porte de Heuzier estoit que la voye qui mène à Stembert estoit hors
la porte. Les maisons qui estoient au delà estoient comme un petit faubourg qui
furent enclose Tan 1671 lorsqu’on bâtit la porte où elle est aüjourd’hui sous
le consulat de Jean Pirotte Nizet et Denis de Charneux.
La porte d’Ensival
fut bâtie l’an 1668 sous les consulats de Jean de Herve et de Colin Coliny.
On abatit les
walles de gazons qui entouroient la ville et on bâtit des murailles depuis la
porte de Heuzier jusqu’à celle d’Ënsival, commencée l’an 1671 et achevée l’an
1672 comme dit est.
Et depuis la porte
de Hodimont jusqu’à la montagne derrière les Pères Récollets, sous le consulat
dudit Jean Pirotte Nizet et Ber.trand Louys et sur ladite montagne on y édifiât
une grosse redoute quarrée, très-bien proportionnée, toute de pierres, sous
Bertrand Louys et Thomas Jodocy Tan 1673.
Tellement qu’en
l’an 1674 la ville fut presque toute enceinte de belles murailles ayant trois
pieds d'épaisseur et seize de hauteur, six pieds de muraille de pierre et dix
pieds de briques, trois pieds de profondeur.
Depuis la porte
d’Ensival jusqu’au vieux Stordeur à Phuile , estoient de walles de terre bien
gazonnées et palissadées fait par les Pères Récollets, assistez de bourgeois,
comme aussi depuis la porte de la pêcherie jusqu’à celle de Limbourg estoient
aussi gazonnée et palissadée par lesdits Pères et au bord de la venne du
moulin, en laditte pêcherie, il y avoit bâtis une très grosse tour à soutenir le
canon ayant sept pieds d’épaisseur de muraille, procurée par Laurent Remaçle,
échevin, aux frais communs. »
Le second document
est un record de la justice de Verviers. il date de 1748 et va
nous apprendre ce qui restait des fortifications à ce moment. Disons préalablement que ce document contient des erreurs au point de vue historique et qu’il n’a de
valeur que pour son objet immédiat : les vestiges des fortifications en 1748.
Nous les eschevins
de la Cour de Justice de la ville de Vervier, au marquisat de Franchimont,
étant requis de part Monsieur le chevalier de Goer de Herve de luy relaxer
notre record et attestation sur la situation des lieu ou ont été bâtis les
murailles ou rampart de notre ville et sur leur étendue, voulant à luy comme à
tous autres en étant requis administrer droit et justice, disons et recordons
qu’immédiatement après que Vervier eut été érigé en ville l’an r65i, par feu
son A. S. E. Maximilien Henry de glorieuse mémoire.
Stordeur ou
moulin à l’huile, mû par l’eau. On y exprimait la graine de navette et de
colza, recueillie surplace. Un hectolitre de navette donnait 29 litres
d’huile, et un hectolitre de colza. 25 litres. Il y a un siècle, l’hectolitre
de navette ou de colza coûtait 35 francs, et l’hectolitre d’huile, 120 francs.
Cf. Thomassin, Mémoires statistiques du département de l’Ourthe. Le stordeur
dont il est question ici, se trouvait à l’emplacement actuel du moulin
Vandresse, pont du Chêne. fut ceinte et environnée de murailles ou
ramparts qui ont subsistés pendant quantité d’années, jusqu’à ce que le Magistrat
de cette ville, lez ayant trouvés trop préjudiciables aux intérêts publiques
durant les guerres, et surtout pendant ledit siège de Limbourg par les
François, trouva à propos de les faire démolir sauf les fondements et les
principales portes de la ville qui existent toujours; les vestiges desquelles
murailles se voient encore aujourd’hui, dans presque tous les endroits où
elles ont été construites, s’cavoir ;
Du côté d'orient où
elles coinmençoient en deçà du couvent des RR. PP. Capucins, derrière la
maison qui y a fut N. Josez, présentement possédée par Jean Simon, joindante
aux murailles dudit couvent ; puis montoient vers le thier Christophe Cloes,
dit par après thier Daubois, où il y avait une espèce de fort et de demi-lune,
et à quelque distance de là, un tour appelée tour le bassy, dont les vestiges
se voient encore dans ces endroits : de là elles s’extendoient par la prairie
dite de vieux bonhommes et continuoient en descendant jusqu’au chemin de
Stembert qui se rend en la rue de Heusy où il y avoit une porte, les fondements
desquelles murailles et forts se trouvant encore présentement existents, aussi
bien que la porte de Heusy qui a été érigée sous la régence des bourgmaitres de
Charneux et Nizet, selon qu’il en conste par leurs armes apposées au dessus de
laditte porte qui est encore actuellement dans son entier.
De là, lesdittes
murailles continuoient au midi en traversant les prairies nommées les Prayes
où il y avoit quelque ouvrage à corne ou demi-lune dont la forme se distingue
encore par les fondements qui subsistent, et s’extendoient jusqu’à la ruelle
Mangay où il y avoit une porte; ensuite elles traversoient les pièces
d’héritages nommées les Cluzins où il se voit encore les restes de quelque
ouvrages couronnés ou bastions, et continuoient jusqu’à la porte d’Ensival qui
fut construite sous le consulat des sieurs Jean Deherve et Nicolas Collin selon
qu’il est annoté audessus de laditte porte avec les armes des susdits bourguemaitres
: tout le long desquelles murailles ou ramparts, dont tous les fondements
toujours dans leurs entiers,, il y est resté depuis laditte porte de Heusy jusqu’à celle d’Ensival un chemin publique qui avait été pratiqué au tems de leur érection.
Et de l’autre côté de laditte porte d’Ensival vers la rue de laXhavéel’on avait construit des bastions ou relevez de terre et de gazon jusqu’à la rue de Broux contigue au Canal de la .rivière, où il y a encore actuellement une muraille et porte existente.
Disons et recordons en outre que selon les fondements et vestiges qui reste du côté d’occident, lesdittes murailles et remparts commençoient, ainsi qu’elles sont encore actuellement, proche la porte du faubourg de Hodimont, communér ment nommé le fauxbourg d’Espagne, terre de la province de Limbourg, et traversoient une partie des prairies dites fox- halles où il y avoit un bastion ou demi-lune, puis conti- nuoient en montant dans les pièces d’héritages situées sur les Mezelles où l’on voie les restes d’une vieille .tour, nommée la tour aux rats, et s’extendoient ensuite jusqu’au grand chemin, pratiqué dans la montagne qui conduit sur les heids, où elles ftnissoient de ce côté là par une porte construite sur ledit chemin en haut de cette montagne vis-à-vis le couvent des R. R. P. P. Récollets.
Puis la rivière de; Vesdre, qui costoie la ville au septentrion, avec les murailles qui la bordent et qui subsissent encore aujourd’hui en entières, luy servoient de remparts de ce côté là, ou l’on avoit bati une porte contigue à l’hôpital des vieilles gens, qui donnoit accès à un pont qui traverse laditte rivière ; et une autre porte qui existe encore, join- dante à l’hopital des orphelins, proche les grandes Ranies, laquelle aboutit à la même rivière avec un boulevard dite vulgairement la tour aux mosteies, placée au bout des prairies appelées pescherie, près la grande digue, qui conduit l’eau dans la ville par le canal de moulin banal de sa Sme Eminence, y ayant, à l’autre côté dudit canal une porte très solide, nommée la porte de Sommeleville ou de Limbourg qui se trouve avoir été réparée en 1680 sous la régence des bourguemaitres Gérard .Hauzeur et N. Hassinelle, laquelle porte avoit été construite l’an 1634 du tems de çon A. S. Ferdinand de Bavière, notre évêque et prince de glorieuse mémoire, selon qu’il àpparâit des inscriptions et des armes de saditte A. S. apposées avec celles desdits bourguemaitres réparateurs, au frontispice de laditte porte regardant vers Limbourg et joindante aux murailles de l’enceinte du couvent des RR. PP. Capucins pour renfermer la ville dans cet endroit ; en foy de quoy avons ordonné à notre greffier de soussigner et d’y apposer notre scel scabinal en tel cas requis et accoutumé sur l’an de grâce 1748 du mois de novembre, le 22.
Par ordonnance : (signé) J.-H. Nizet.
Par extrait du registre de laditte cour.
(Signé) M.-J. Thisquen, pro scriba absente.so
Entrons dans de
plus amples.détails. Mais une remarque est ici nécessaire : les fortifications
n’ont eu qu’une durée très éphémère : leur démantèlement a suivi de près leur
érection, deux siècles se sont écoulés, le lecteur comprendra qu’il puisse y
avoir encore bien des points obscurs: pour nous, nous serons aussi précis qué
les documents le permettront.
*
* *
L’enceinte
primitive se composait de fossés, de remparts talutés et de portes.
Quelles étaient ces
portes ? Le diplôme de 1651 en mentionne trois sans les nommer.
Nous avons vu que
le 29 janvier 1626, ordre fut donné de commencer les travaux par les portes de
Sommeleville et de Heusy ; de 12 novembre i65o — F. 86 — la ville reconnut
devoir 6 florins brabants, 5 pattars à Jacques Rogister « pour reste d’ouvrage
que celui-ci at fait à la réparation de la porte de la basse-voye » ou des
Mézelles.
Les travaux durent
commencer en 1626. Les Verviétois n’y mirent probablement pas toute l’activité
désirable car le
i5 décembre 1634 les Bourgmestres de Liège écrivirent au P.-É.
a que, du
costé de Franchimont, vostre principauté de Liège est occasion de guerre ou de
logement, pouldroit souffrir des grands inconvénients.... il nous semble estre
de nostre devoir de représenter à vostre Altesse, primo qu’il seroit fort
expédient et utile que dudit costé sur la frontière il y eust une place tenante
et pour résister, et d’autant que nous somes ignorants que vostre Altesse, en
son conseil passé quelques mois auroit juger convenable de comander à ceux de
Vervier de se murer et fortifier...
nous la venons supplyer par les présentes
de vouloir faire mettre au plustoz en exécution laditte ordonnance, pour y
avoir du péril au retardement, non seullement parce que ledit lieu de Vervier,
selon le rapport de nos historiens et déplome de vos prédécesseurs, at esté cy
devant une ville qui est indice que les ancestres avoient trouvé l’assiette propre
aux advenues, mais aussy pour autant qu’il est assez connu que pour la
situation du lieu, la multitude des habitants et la fréquence du traficque de
ce costé-là, ledit lieu est le plus opportun pour semblable subjetz. »
De leur côté, les
habitants se plaignirent vivement : ils étaient réquisitionnés pour les travaux
de terrassement, les propriétés particulières sur toute la ligne de l’enceinte
étaient bouleversées de fond en comble. Aussi les propriétaires ne se
firent-ils pas faute d’adresser des réclamations aux autorités, comme
l’atteste la lettre suivante , écrite par le Gouverneur de
Franchimont au Magistrat.
Messieurs,
La veuve Polis de
Melen m’est venu remontrer les graves intérêts quelle aura en cas je viens (?)
à permettre l’achevëment de vos fortifications sur son territoire, et comme
elle fait des offres, lesquels me semblent assez raisonnables, je vous la
renvoie affin qu’après que vous l’aurez entendu, vous vous entreaccordiez par
ensemble à la meilleur sorte ou faire se pourra.
Franchimont, ce 22
avril 1642.
Ferdinand
de Lynden.
Au reçu de cette
lettre, le Magistrat adressa, le 28 avril 1642, une requête au
P.-E. où on lui dit que des particuliers prétendaient que la ville n’avait pas
le droit de faire des travaux sur leurs fonds s'ils n’étaient ordonnés par les
Etats du Pays.
Il est probable que
le magistrat eut gain de cause, car les réclamations cessèrent.
A l’intérieur de
l’enceinte, on aménagea d’autres moyens de défense, ainsi le i5 juin 1646, la
Cour de Justice accorda à Jean Dagofosse,
« acceptant, telle coing ou petit
place vuide et présentement inhabitable qui se retrouve au desseur du Pont de
Mollin (Mont du Moulin), entre les maisons de
Nizet,
Linard Nizet et Vredrik Nollin, pour
ycelle place vuider,
applanir, en comme il trouverat
convenir, soit en dressant quelque petit batisment ou
aultrement... et ce à charges et conditions subescrites ; scavoir que iceluy
Dagofosse acceptant serat obligé de faire ériger un muraille de pierre, depuis
l’angle d’ycelle maison du ... Nizet jusqua l’angle de la maison du prédit
Vredrick Nollin, dans laquelle muraille il pouldrat laisser fenestre bien barée
et un fort huisse de bois pour s’en servir en toute occation, et à l’oppo- site
d’icelle muraille, faire planter un bois bien ferré, auquel serat appendu un
gros et fort chaisne de fer, pour en toutte occation et à la semonce du
magistrat fermer le chemin qui vat sur nrë marché, auxquels effes le prédit
Dagofosse deveu- rat laisser dedans laditte muraille luy encliargée un trou sufissant pour passer ladite chaisne, la fermer intérieurement et
cadanasser....... cadanasser ou assurer laquelle chaisne . cadanasser et appartenance deveurat
faire entretenir
remettre ladite clefs en mains des bourgms
lorsque command lui en
serat ne pourra mettre rien qui empêche
la liberté du chemin réparer la pavée devant
laditte muraille et où la barrière en bois estoit assise ». V. 2, p. 148.
Quelques mois plus
tard, le 17 novembre 1646, la Cour de Justice concéda à Jacob Graffar « deux
pieds de largeur à prendre hors de Faissemence jointe du costé d’occident à la brassine, gissante icelle brassine en
Wherixhas de mollin en annexher à sa
maison, à effect de battir et tirer sur
laditte
aissemence luy accordée un muraille droit à
lingne du midy sur septentrion, affin par ce moyen pouvoir à largir laditte
brassine, à charge et condition que luy Graffar debveurat à ses fraix élever et
dresser derrière laditte, une grande barier de bois pour servir de
fortification à ce bourg suivant les ordres et mandement réitérés de S. A. S.
nostre prince, auquel effet lui seront délivrés les bois, cleff et cadenasses
nécessaires, lesquels clefs et cadenasse il serat tenu de conserver, fermer et
ouvrir laditte barrier lorsqu’il requis en serat, ce qui fut iceluy Graffar
accepté et fut mis en garde».
Le Whérixhas de
Mollin était la rue allant du Petit- Wherixhas (rue du Collège) à la rue des
Rennes, celle-ci au delà du Mont du Moulin.
Enceinte
définitive. Les travaux de l’enceinte définitive commencèrent en 1651; ce fut
un ingénieur du nom de Rouverst qui en dressa le plan. Ce plan n’a pas été
retrouvé jusqu’à ce jour; on peut cependant reconstituer, d’une façon
approximative naturellement, la ligne de cette enceinte en se servant du récit
de de Sonkeux,du record de 1748 et du plan de Simonon.
Le plan de Simonon est
un plan de Verviers, dressé sur l’ordre du Magistrat, le 26 septembre 1764, par
M. Simonon « géomètre et arpenteur juré, notaire et réducteur des rentes»;
l’original se trouve aux archives de la ville; une copie prise par M. Renier
est déposée au Musée communal.
Dans-la description
qui va suivre, nous suivrons non l’ordre chronologique mais Tordre
topographique.
Porte de Heusy.
— Elle se trouvait à la jonction de la rue de Heusy d’une part, de la chaussée
de Heusy, de la rue de Mangombroux et de la Courte rue du Pont d’autre part ;
au moment de sa démolition *en1863 elle formait un gros bâtiment surmonté d’un
grand et haut toit, percé d’énormes cheminées; le passage public, avec un
portail cintré extérieurement faisait communiquer la ville
avec l’extérieur.
D’après le plan
annexé à l'arrêté royal du 26 novembre 1841 fixant l’alignement actuel de la
rue de Heusy, le bâtiment avait 16 mètres ,5 centimètres de largeur, 7 mètres
de profondeur ; le passage public avait 4m50 de largeur, son axe se
continuant avec l’axe actuel de la rue de Heusy, il divisait la construction en
deux moitiés à peu près égales : le côté ouest ayant 6m25 et le
côté est 6 m.
Nous manquons de données exactes sur la hauteur : à en
juger d’après une photographie , la hauteur du sol à la corniche était de 16m20,
tandis que la plus grande hauteur du portail était de 10m45.
M. François
MullendorfF, lieutenant-colonel du génie, qui a bien voulu revoir ce travail au
point de vue de orthodoxie militaire, ce dont je lui sais un gré infini, me transmet à ce sujet, la note suivante : Cette vue perspective — la photographie de la Porte deHeusy, me paraît assez bien justifier les dimensions en
hauteur que vous en avez déduites savoir :
Hauteur
du sol à la corniche 16m20
Hauteur
sous clef du passage i10m45
ce qui donnerait pour la hauteur totale, sous
le faîte, 32 à 33 mètres.
Quant aux dimensions horizontales du bâtiment voici
des indications que me donne le plan géométral de Defreneux, dressé en 1862,
échelle de 1 à 2 500 : les façades intérieure et extérieure du bâtiment
n’auraient pas été parallèles entre elles et par conséquent, le plan de la
bâtisse n’aurait pas eu la forme régulière d’un rectangle, mais bien celle d’un
quadrilatère quelque peu irrégulier.
Les mesures, prises sur le plan Defreneux,
me donnent :
façade
extérieure 15m
façade
intérieure 12m50
profondeur
Est 8m95
Photographie
prise par M. Polis-Begond, photographe, le 1 mai 1863, jour où la démolition de
la Porte de Heusy commença.
profondeur Ouest largeur du passage 7m50à 4m50
ce dernier divisant inégalement la largeur du
bâtiment.
Toutes ces
dimensions doivent, bien entendu, être considérées comme approximatives, vu la
petitesse de l’échelle du plan qui les a fournies ».
De Sonkeux nous
apprend que « les maisons qui estoient au delà estoient comme un petit faubourg
qui furent enclose l’an 1671 lorsqu’on bâtit la porte où elle est aujourd’hui.
D’autre part, le 28 novembre 1654, le magistrat écrit au
Prince que l’ingénieur Roverst estime que, si l’on veut maintenir une porte à
cet endroit, il est nécessaire d’enclore la maison enseignée au Blan Lion et 7
à 8 autres habitations. La porte de Heusy de l’enceinte primitive a donc été
démolie pour être reconstruite à nouveau en 1671 sous la régence des
bourgmestres Jean Pirotte-Nizet et Denis de Charneüx de Sonkeux et record de
1748.
Les armes de ces
bourgmestres étaient apposées au dessus de la porte — record de 1748.
Nous devons à
l’obligeance de notre vénérable président M.J.-S. Renier, la description de ces
blasons, ainsi que de ceux qui suivront.
Armes de Nizet : un
lion surmonté d’une étoile à six rais.
Armes des de
Charneux : une croix engrelée et en chef dextre un canton portant un lion.
Ces armoiries
avaient disparu dès le commencement de ce siècle : peut-être avaient-elles été
détruites pendant la révolution française, au moment où l’on faisait
disparaître tous les emblèmes de la noblesse.
Aux archives de
l’Etat à Liège. - Conceptionnistes. - Procès Pierre Stembert, pièce 72 du
dossier, se trouve une carte topographique qui donne le tracé de cette
muraille: d’après cette carte qui date de 1710 la muraille suivait une
direction rectiligne jusqu’au delà de la rue de Rome, puis faisait un angle
presque droit, ouvert au Nord pour rejoindre en ligne droite la porte
d’Ensival.
De la porte de Heusy à la rue de Rome, ancienne ruelle Mangay ou
pleine voie — F. 99, n° 25, — la muraille était flanquée de deux parties
saillantes: deux demi-lunes;celles-ci avaient de 13 à 14pieds de diamètre. — V.
17, p. 246. La ruelle Mangay était fermée par une porte. A l’angle se trouvait
un bastion présentant quatre pans coupés. Sur la carte de 1710, demi-lunes et
bastion sont creux.
Un chemin de ronde
existait au pied des murailles. Celles-ci avaient généralement trois pieds
d’épaisseur et seize pieds de hauteur, six de pierres et dix de briques ; les
fondations trois pieds de profondeur. Il arrivait qu’on perçait les murailles
de petites ouvertures pour donner accès aux propriétés qui se trouvaient
coupées par les fortifications.
Porte d’Ensival.
Elle s’élevait rue Vieille Xhavée. Dans son Vieux Verviers, F. Ymart dit que le
pignon de la maison qui porte actuellement le n° 4 en constitue un vestige.
Nous ne connaissons rien de son architecture; il y a tout lieu de croire
qu’elle avait beaucoup de ressemblance avec la porte de Heusy.
La porte d’Ensival
fut bâtie l’an 1668 sous le consulat de Jean de Herve et Colin Coliny-de
Sonkeux ; le record de 1748 dit « sous le consulat des sieurs Jean De Herve et
Nicolas Collin, selon qu’il est annoté au dessus de laditte porte avec les
armes des susdits bourguemaitres. »
Le blason de Goer
de Herve portait : un lion tenant de sa griffe de gauche un petit axe de moulin
; celui de Nicolas Cholinus, Collin, Colin ou Coliny : quadrillé de six pièces où alternaient une rose à cinq feuilles sans
tige et un canard tourné à dextre.
De Sonkeux nous
apprend que « depuis la porte d’Ensi- val jusqu’au vieux Stordeur à l’huile —
moulin Vandresse — estoient des walles de terre bien gazonnées et palissadées
».
Le record de 1748
porte que de l’autre côté de la porte d’Ensival « vers la rue Xhavée, l’on
avoit construit des bastions ou relevez de terre jusqu’à la rue
de Broux, contiguë au canal de la rivière où il y a encore actuellement une
muraille et porte existante ».
Donc de la porte
d’Ensival à l’emplacement actuel du moulin Vandresse, il y avait des levées de
terre avec fossés du côté de la campagne : généralement les palissades se plaçaient en dehors des fossés.
Les walles ou levées de terre étaient gazonnées
c’est-à-dire formées de tranches de gazon posées horizontalement les unes sur
les autres pour donner plus de consistance au talus et le garantir des
éboulements.
Il y a eu une porte
rue du Brou : quand a-t-elle été construite ? De Sonkeux n’en parle pas ; elle
n’existait donc pas au moment où il écrivait ses mémoires.
Où se trouvait cette
porte? Certainement au bout de la rue du Brou, dans l’intervalle qui va de
l’entrée de la rue du Canal à celle de la rue Jardon. Or, précisément à cet
endroit, le plan de Simonon renseigne un bâtiment isolé dont la construction
diffère de celle des maisons voisines; ce bâtiment formait-il la porte du Brou
?
Le plan de Simonon n’est pas assez précis pour oser l’affirmer.
Qu’y avait-il entre
le vieux Stordeur à l’huile et la porte de Hodimont ? Le record de 1748 ne le
dit pas. Nous allons tâcher de combler cette lacune.
Le 19 novembre 1651— le Magistrat ordonnait aux bourgmestres « de faire relever les
fossez du costé de la Xhavée, Broux et Hodimont suivant la ligne que
l’ingénieur Rouvers at tirré et désigné, et accepter du bois pour faire des
palissades nécessaires pour faire et relever les dits fosséz ». Le 16 février 1696
—le Prince
« enjoignait au Magistrat de faire mettre au
plustôt les portes de Hodimont et de Saulcy en estât, déclarant estre de ses
intentions qu’elles soient fermées en hyver à 8 heures du soir et en esté à g
heures au plus tard ».
Il y a donc eu là
des ouvrages de défense; si le record de 1748 n’en fait pas mention, c’est
évidemment parce que, à ce moment, il n’en restait plus le moindre vestige, et
si en 1748, il n’y avait plus le moindre vestige, alors que partout ailleurs on
retrouvait au moins les fondations, c’est que ces ouvrages n’étaient pas en
maçonnerie.
Pour ces diverses
raisons donc, il est probable qu’à partir de la rive droite de la rivière, il
y avait des fossés et des talus gazonnés et palissadés jusqu’à la porte de Hodimont.
De plus, il y avait une porte en Saucy. Où se trouvait cette porte ?
Le pont de Saucy a
été construit en 1693 — probablement à l’endroit même où se
trouvait le passage à gué; il est hautement probable que la porte de Saucy se
trouvait près de l’emplacement du pont actuel.
Il est possible que
cette porte consistât en une simple barrière puisqu'on n’en retrouve rien en
1748. Du reste les portes n’ont pas dû être construites toutes sur le même plan
:
il est peu probable, par exemple, que la porte
de l’Hôpital ait présenté la solide architecture de la porte de Heusy que
beaucoup de Verviétois ont connue.
Ces travaux
exécutés en 1651 suscitèrent des protestations des propriétaires dont on traversait les fonds : citons celles de la dame Nicolas Mangam, de Francq
Mangay, de Godefroid de Xhorez, de N. Bertrand, propriétaires de la rue de la
Xhavée , n° 69 — et celle de Gérard Mangham de Hodimont. 70.
Porte de
Hodimont. — Elle se trouvait à la limite de la commune, près du pont de Hodimont.
Bien qu’elle soit mentionnée sur le plan de Simonon, nous ne connaissons rien
de son architecture.
Le 16 janvier 1615 , le baron de la Fosse, officier des troupes de sa Majesté
impériale, cantonnées à Verviers remet au magistrat l’attestation qu’il a
donné « les ordres de rompre le pont de pierre à la porte de Ho dimont pour y
placer un pont-levis ».
De la porte de
Hodimont, les murailles traversaient une partie des prairies dites Foxlialles,
où il y avait un bastion ou demi-lune; elles continuaient, en montant dans les
pièces d’héritages, situées sur les Mezelles où il y avait une tour, appelée la
tour aux rats; puis s’étendaient jusqu’au chemin des Mezelles ou basse-voie, où
elles finissaient par une porte construite sur ce chemin, vis à vis du couvent
des P. P. Récollets. (Record de 1748).
Nous avons vu
précédemment que la porte de la basse voye a été réparée en 1650. De Sonkeux
nous apprend que la muraille a été construite sous le consulat de J.-P. Nizet
et de Bertrand Louys en 1671 ou 1672, et la tour aux rats « grosse redoute
quarrée » en 1673 sous B. Louys et Th. Jodaÿ.
La Tour aux Rats
devait être située dans le carré formé par les rues des Hautes-Mezelles, des
Jardins, des Plantes et Belle-vue ; la porte de la basse-voie, proche d’une
vieille construction, actuellement le n° 39, rue Hautes-Mezelles.
Du Pont des
Récollets au Pont de l’Hôpital ,actuellement Pont d’Andrimont, la rivière
formait une clôture naturelle.
Porte de
VHôpital : ainsi appelée parce qu’elle était construite près de Thospital nouveau ou Hospice des Vieillards, actuellement Musée Renier. Mentionnée dans
le record de 1748, elle n’existe pas sur le plan de Simonon.
Porte des
Waines. — Elle se trouvait au commencement de la rue des Hospices; elle
touchait à l’Hôpital des Orphelins qui était en deçà de la porte. L’Hôpital des
Orphelins occupait remplacement où se trouve aujourd’hui l’atelier de
menuiserie de M. Closset.
La porte des Waines, qui existe sur le plan §imohon, a été construite
en 1669, car le 17 août 1669, — F. 94, n° 58, — le Prince
renvoie au bourguemestre de Verviers une requête lui adressée par Simon
Remacle en son nom et au nom de divers bourgeois. Dans cette lettre, Remacle
dit que le magistrat « a commencé a faire faire une maison dans l’intention
d’ériger une nouvelle porte du costé qu’on appelle les grandes Waines et selon
toute apparence feront faire des murailles lesquelles traversant plusieurs
héritages empescheront une quantité des Waines ; ce quy aportera un notable
intérest à la plus grande partie des drappiers de la dite ville ». Il fait
remarquer qu’il serait préférable de porter les murailles immédiatement le long
de la Vesdre, la rivière servirait de fossé et la ville serait ainsi mieux
défendue. Il termine par ces mots : « Ils se trouvent obligez de prendre en
tout respect, leurs recours à la bonté et clémence de V. A. Sme la
suppliant très humblement d’estre servie d’interposer son autorité
principalle, en ordonnant aux magistrats de Vervier de tenir le tout en suspend
jusqu’au renouvellement du magistrat de votre dite ville quy se fait
ordinairement le jour de St-Remacle le
3 septembre et permettre cependant aux Suppliants
de demander et faire recueillir les voix de la bourgeoisie pour scavoir leur
sentiment à ce regard » .
Cette demande n’eut
aucun succès.
De la porte des
Waines ou des Orphelins à la porte de Sommeleville, il y avait un boulevard
c’est à dire un rempart terrassé avec fossé taluté et probablement palissadé.
Près de la grande
digue du canal, une grosse tour, ayant des murailles de sept pieds d’épaisseur,
où l’on n’avait accès qu’au moyen d’échelles, elle fut appelée tour aux
Mosteies, par allusion à un petit poisson, la motelle, qui abondait dans la
Vesdre. Ces travaux ont dû être exécutés en 1673 : le 29 mai 1673 ,Henri Thonnar de Chokier, chanoine de St-Paul à Liège'demande à être
indemnisé pour les dommages causés à sa prairie dite La Pexherie.
Porte de
Sommeleville, dite encore de Limbourg ou des Capucins, les Capucins ayant construit
leur maison près de la porte.
La porte de
Sommeleville, la première en date, se trouvait à la jonction de la place de Sommeleville et de la rue de Limbourg ; elle devait présenter à peu près la
même architecture que la porte de Heusy.
Elle portait au frontispice, du côté
de Limbourg, les armes du Prince Evêque Ferdinand de Bavière etcellesde
GérardHauzeur et N. Hassinelle, bourgmestres qui la firent réparer en 1680.
Le blason du Prince
était toujours accompagné des armes du Pays de Liège : il avait pour fond les
armoiries de Liège, de Bouillon, de Franchimont, de Looz et de Hornes,
c’est-à-dire les armes actuelles de la province de Liège, et brochant sur le
tout, les armes de Ferdinand de Bavière : écartelées, montrant aux 1 et 4 les
losanges de Bavière, aux 2 et 3, un lion couronné.
Le blason de G. Hauzeur
était à trois losanges posés deux et un ; celui de Hassinelle : en chef une
tête de licorne, en pointe une hase courant.
Une muraille
reliait la porte de Sommeleville à la porté de Heusy. Le Record de 1748 nous
apprend qu’elle était flanquée d’une espèce de fort et de demi-lune et à
quelque distance de là une tour appelée tour le bassy.
En 1893, lors de la
construction des nouveaux bâtiments de l’établissement industriel de la
Lainière, entre la rue du Pont et la rue du Panorama, on a rencontré, à la
hauteur de l’entre-croisement des rues du Panorama et de Stembert, les
substructions d’une grosse muraille qui pourraient bien avoir fait partie de
l'enceinte.
Nous possédons
quelques renseignements sur l’érection de cette muraille : le 16 mai 1652 le bourgmestre
Henry Bosmans traite avec Michel de Nayer, demeurant aux environs de Namur «
pour bâtir, ériger une muraille avec ses bastions, conformément au plan donné
par l’ingénieur de S.A..., depuis la tourre érigée sur la prairie ou terre de
Henri Potestat jusqu’à la porte de Heuzier.... pour une somme de 9.000 florins
brabants ».
Voici T « Estai e|
mesure des ouvrages entrepris par de Nayer.
Prime : le bout de
la courtine joindant la tour at de haulteur 16 pieds au dessus du sommier qui
est dans ladite tour, mésuré en présence de Jean Remacle..,. bourgmtre.
L’autre bout de
ladite courtine at aussi 16 pieds de haulteur y comprinz 3 pieds de fondements.
La première anglée
du bastion, joindant ladite courtine a 16 pieds de haulteur, y comprinz 4 3/4
pieds de fondement sur la première anglée.
La 2de
anglée suivant, qui est la pointe du dit bastion a 16 pieds de haulteur, y comprinz 3 1/2 pieds de
fondement sur la première anglée.
La 3e
anglée at 16 pieds de haulteur y comprinz 4 pieds de fondement sur la ire
anglée.
La 4e
anglée at 16 pieds de haulteur y comprinz 3 1/2 pieds de fondement sur le
gasson.
La courtine
descendant dans la prairie du Sr Heuse at 12 pieds de haulteur comme il est marqué à un
pommier.
La partie suivante,
j>7 pieds de longueur, at 11 pieds de haulteur, marqué à une espine de la
haye de ladite prairie dudit S. Jean Remacle.
Une autre partie
suivante at 10 pieds de haulteur marqué à un pavé à rase de terre, 55 pieds de
longueur ; et au bout des 55 pieds, at de haulteur 8 pieds, marqué au pommier
dans la prairie de la veuve de Rechain.
Le reste des
ouvrages se mesureront en présence de Messieurs du Magistrat ».
« Esta et mesure
des deux ferettes ou pilliers qui sont aux 2 costé de la voulte.
Prime : elles ont
chacune g pieds de longueur, 4 pieds de large et 11 1/2 de haulteur qui font
les 2 ensembles 828 pieds qui, au prix de 12 1/2 florins le cent d’ouvrage
porte io3 florins et ïo sous ».
Porte du Pont
des Récollets. Le 13 octobre 1657, parait l’octoi de la Chambre des Comptes qui
suit.
.
S. A. Sme
ayant entendu le rapport du Bon de Lynden, grand mayeur de Liège et
son gouverneur de Franchimont et de Charles de Méan. conseiller en son conseil
privé et ordinaire, ensuite
.de la commission leur donnée en cette chambre le 18e
du passé et considérant le bien et l’asseu- rance de sa ville de Vervier par
l’establissement dun corps de garde et d’une porte au milieu du pont (des
Récollets), s’inclinant favorablement à leur demande, leurs accorde lade
place de grâce, en remettant le cens quelle pourroit demander sans le tirer en
conséquence. Fait au palais de Liégè, à la Chambre des Comptes le i3° octobre
1657.
Onze ans plus tard,
en 1668 l’administration, en vertu de cette autorisation, voulut faire élever
une porte sur le pont des Récollets. A peine l’encadrement fut - il construit
qu’il surgit une vive agitation parmi les habitants des rues de Spintay,
Hodimont, Saulcy et Mezelles et rues avoisinantes.
Ils se réunirent et
envoyèrent au baron de Lynden, gouverneur de Franchimont, une adresse signée
en leur nom par
Nicollas Collin, jadis bourgtrëT et présment
commissaire, Henry Mollet, eschevin de lade ville,
Lemoyne,
H. Moraikin, baily
d’Andrimont,
Denis Cholinus,
licentié en droict,
J. Coppe,
capitaine,
Nicolas Piron,
litenant,
Henri Detrooz,
Jean Piron,
« U serait venu,
disaient-ils, à leur connaissance que messieurs les Brgmtres de ladite ville
auroient voulu obliger Henry Moraikine à faire construire une porte au pont
,des
Récollets, entrée ordinaire, unique et
nécessaire aux remonstrans, tant pour porter les enfants des dits lieux au Baptesme
dans l’Eglise paroichialle, proche du marché, que pour les confessions et
administrations des malades, chercher des sages-dames et autres à déduire, »
ils priaient le gouverneur d’user de son autorité « de faire laisser la dite
construction en arrier » et s’il luy plait? laisser aux dits
Srs Bourguemrs la liberté de faire faire une si forte garde sur
ledit pont qu’ils trouveront à propos. En plus ils remirent le 10 septembre
1668 une adresse signée par J. de Malempré au magistrat de la ville -F. 94, n°
45.- On y lit « qu’il est impossible d’eriger laditte porte
sans diviser la ville d'autant que de
nuict il seroit très-dificile et quelque fois
impossible de porter les enfants à baptême, d’appeller les prêtres pour les
confessions, les docteurs pour les malades et les sages-dames pour les femmes
grosses, les notaires pour les testaments et autres semblables personnes
nécessaires aussi bien la nuict que le jour, oultre que l’érection de telle
porte porteroit dans les pays voisins et étrangers un bruict pernicieux, que
personne n’y seroit plus reçu, causant par là une ruyne entière du commerce et
substance, point seullement desdits habitants mais aussi de la ville entière,
n’y ayant aussi autre causé pour faire ériger laditte porte sinon deux ou trois
maisons infectées de peste, ce quy est fort peu de chose ou bien rien du tout,
pour aporter une division et bruict si préjudiciable au comün, joint que l’on
peut avec cinq ou sixchares de bois fort facilement couper les dittes maisons
infectées sans que personne y puisse plus avoir accès >). Ils demandaient
donc que la porte ne fut pas construite sinon « qüe la voix comune soit la
dessus entendue ».
Le 7 décembre 1668
Thomas de Bilstein, pasteur de Verviers, écrivit dans le même sens au baron de
Lynden. F. 94, n° 46.
Le Conseil,
naturellement, F. 94, n° 45, se plaignit vivement auprès du Prince : il ne
faisait qu’exécuter l’ordonnance de S. A. en date du i3 octobre 1657 — on ne
pouvait
3o
donc leur résister en cette entreprise sans
résister à son Altesse même.
La lettre suivante
— F. 29, n° 179 —semble avoir mis fin à ces incidents.
Liege, 8 décembre 1668.
Messieurs,
Les bourgeois du
quartier de' Hodimont m’ayant re- monstréles raisons ici joinctes touchant la
porte en question du pont des Récollets, j’ai cru devoir vous les communiquer
aussy bien que celle du votre rev. Pasteur et de Moraikine sur ce même sujet :
vous avez trop de prudence, Messieurs, pour ne pas les considérer et toutes
autres choses comme vous le devez.
Il semble cependant
que, puisque vous avez une garde sur led1 pont que vous renforcerez
dans les nécessitez plus pressantes de cette fâcheuse occasion, quelle pourroit
faire le même effect qu’une porte fermée pourvu qu’il y eusse bon ordre : Vous
ferez les réflexions la dessus que vous trouverez à propos pour votre bien
commun : c’est ce que j’envisageray toujours avec tous les soins que je dois
cornue estant Messieurs votre très-affectionné serviteur,
Ferdinand, baron de LYNDEN.
Il semble que le
Conseil suivit le conseil du gouverneur et que la porte ne fut pas achevée.
*
Les travaux furent
arrêtés en 1674 î l’enceinte de la ville était-elle achevée ? Il suffit de
jeter un regard sur la carte pour constater qu’il y avait un seul point faible
: c’était le côté ouest : la Vendre ne pouvait être considérée comme défense naturelle : dans sa requête du 7 décembre 1668, , le curé Thomas de Bilstein
faisait déjà remarquer
« que cette ville est si peu renfermée, qu’en temps de
sécheresse ou petites crues, quelles sont la pius part de
l’année, on peut venir de Hodimont et entrer par beaucoup d’endroicts dans le
reste de Vervier ». Alors que l’on a dépensé des sommes considérables pour les
murailles, et que l’on a construit à l’extrémité est, une tête de pont, la
tour aux mosteies, il serait étrange que l’on n’eût pas songé à élever quelque
ouvrage à l’autre extrémité : il est dès lors naturel de supposer que les
circonstances n’ont pas permis de construire une tête de pont du côté de Saucy.
« En l’année que le
droit de ville fut obtenu — 1651 — où Tan suivant fut ordonner de sonner la
retraite, ce qui s’observe tous les jours ; pour quel sujet, les bourgmes
firent fondre une cloche et le firent pendre en la tour de l’Église
paroichiale, à l’office du Marguelier de 1a. sonner ; à ce sujet, il tire quelque
droit des Bourgmes , ladite cloche fut fondue sous la maison de ville » — de
Sonkeux.
Les portes étaient
fermées le soir à 8 heures en hiver et à 9 heures en été. — F. 99, n° 23.
L'érection des
fortifications entraîna des dépenses considérables. Il semble bien résulter de
la lettre du 14 mai 1624, citée au commencement de cette notice, que les Etats
du pays de Liège ont dù intervenir dans les frais.
Aux archives de
l’Etat à Liège, dans les conclusions capitulaires de St Lambert, tome 160. f.
166, nous lisons :
Gratia oppido
Verviensi.
Domini mei ex
causis animum suum moventibus oppido Verviensi, tertiam peculii huic ecclesiœ
competentem, et per idem oppidum debitam, ad très annos gratiose, citra
quodcumque praeiudicium, et consequentiam, in mœnium suorum constructionem
applicandam concesserunt ea con- ditione ut singulis annis capitulo
applicationis eiusdem tertie rationem reddant,
— 5 avril 1669.
L'Eglise de St
Lambert fait remise à la ville de Verviers d’une contribution à condition de la
consacrer à la construction de l’enceinte.
De son côté la
ville de Verviers eut à débourser pour sa part des sommes considérables. Le 28 novembre 1654.
le Prince lui accorda 5 ans pour dédommager les
propriétaires. Elle obtint plus tard un nouveau délai de 2 ans. Voici la liste
- F. 93, n° 68 - «de ceux qui doibvent retirer leur intèrest annuel de leurs
fonds occupéz par les fortifications, come s’ensuit :
Le tableau s’étend
des années 165 e à 1661 — la redevance annuelle varie de 3 à 12 pattars par
verge suivant l’importance des fonds occupés; la redevance de la 1re
année est majorée à cause des dégâts occasionnés par les travaux.
Pasquay Thiry — 35 verges;
les représentants Blancheteste, 40 verges;
Piron le Camus, 1 verge 5 pieds;
la veuve Jean Nizet
1/2 verge;
Henri Bertrand, 7 verges;
Pasquay Bertrand, 1 1/2 verge;
Toussaint Mangay, 24 verges;
Lambert Defays, 1 1/2 verge;
veuve Polis de
Melen, 42 verges ;
Thomas de Bailoux, 14 verges en deux endroits;
Lambert Cousin, 6 1/2 verges;
Jean Helman, 6 1/2 verges en deux endroits;
Mathieu Magham, 10 verges;
Bertrand Louis, l’aisné, 4 verges
Michel Le Loup, 12 verges;
Denis Simar, 20 verges;
Jean Rutb, 20 verges;
Thiry Thiriau, 12 vêrges;
veuve Pierre Grégoir et consorts, I verge en
Saucy;
veuve Pierre Camus, 1 verge;
Nicolas Collette, 3/4 verge ;
Jean Herve, I verge;
Henri Jardon, 2 verges;
Martin Le Moine, 1 1/2 verges; ,
Jean Makay, 1 verge 6 pieds;
35
Ennaïs Frankinet, 1
verge 6 pieds;
Jean
Piette, 8 verges; m
Mathieu Hacray,
1/12 verge;
Etienne le grand
Jacob, 4 verges ;
Noël Gauthy, 21/2
verges;
Henry Moraiquenne,
sur les Heids, 7 12 verges;
Léonard
Bonadventure, 5 verges;
Gilles Desamoris, 6
verges ]3 pieds;
Jacob Gérard, 5
pieds
Géiard Mangham, 3
verges 3 pied$;
Toussaint Bonhomme,
19 verges;
Sommeleville
Remacle Joes (?) 20
1/2 verges;
Thiry Pauquay, 2
pieds;
de Fays, 20 1/2
verges, 6 pieds;
Jean Houbin, 3
pieds;
Remacle le compte,
4 pieds;
Collette Graffar,
3/4 verge;
Pierre Graffart, 1
v., 2 p.
Henri Stocquis, 1
verge, 5 pieds;
Noël Gauty, 3/4
vergeL,
François Noël, 4
verges 2 pieds;
Theunis Bertrand, 5
pieds.
La ville
acheta-t-elle dans la suite le fond occupé par les fortifications ? Il semble
ressortir de la pièce suivante que la situation n’a jamais été nettement
établie.
A la fin de l’année
— donc un siècle et demi plus tard, Pierre Joseph Saive demanda l’autorisation
de démolir une espèce de demi-lune construite dans sa prairie qui longeait le
rempart du côté de la ruelle Mangay. Le magistrat le lui accorda le 5 décembre
moyennant une indemnité pour le terrain et les matériaux.
Saive répondit :
Pour ce qui regarde le terrain le très- humble remontrant croit qu’il est censé
lui appartenir, mais comme l’objet est de trop petite importance pour faire la
moindre recherche à cet égard, etc.
Le 23 octobre 1671 , le magistrat... at été résoult d’imposer un impost à
collecter, scavoir sur chaque cent livres de laines d’Espagne, qui se
déchargerat dans cette ditte ville, dix patars, et sur chaque 100 livres
d’autre grosse lame indifféremment 5 patars, pour estre, les deniers en
provenant, employez tant aux murailles fortifications qu’autres nécessité
d‘’icelle ville, pour faire commencer la dite collecte au Ier
décembre prochain. Ce décret est renouvelé au commencement de 1673 .
La ville dut
contracter divers emprunts et dans une lettre adressée aux Etats du Pays de
Liège — F. 96, n° 95— le Conseil de Verviers dit que les fortifications ont
coûté plus de 100,000 écus, que la ville a du faire des empruuts et que de ce
chef elle doit payer 7000 écus de rente annuellement.
Detrooz, qui écrivait il
y a un siècle, évaluait cette somme à deux millions de livres tournois.
Pour terminer ce
chapitre, citons la lettre suivante : elle est intéressante à plusieurs points
de vue : elle n’est pas datée, mais le contexte permet d’établir quelle a été
écrite vers 1680.
Mémoire ou
rafraîchissement à Messieurs les Magistrats de la ville de Verviers.
Messieurs les
bourgmestres et commissaires de la ville de Vervier.
Remontre
très-humblement le suppliant qu’avant d’éri- ger les fortifications de cette
ville de Vervier, on envoya chercher un ingéniaire ou entrepreneur des
murailles, lequel avant d’incommencer l’ouvrage, tira des lignes diverses au
traverse des héritages des manants, et comme il en avoit tiré trois lignes
esloignées par d’instance l’une de Tautre dans le fond du jardin du suppliant
et que la ligne tirée et ouverte la plus approchante des maisons luy restantes
la plus domageable, estant interrogé par le commandant de nostre ville, ce
quele suppliant voudroit donner au profit de la ville en cas qu’on suivroit la
ligne la plus éloignée de ses maisons pour y ériger les dites fortifications, à
quoy fut respondu par iceluy qu’il donneroit promptement deux cents
patagons à la ville, et cent patagons au gouverneur d’icelle, se qui fut
accepté leurs ayant donné par escrit, fak et signé par ledit suppliant entre
les mains du commissaire Jean le pas et en pncë de plusieurs personnes dignes
defoy, qui en rendront cause de science s’il en est besoing; et se trouvant
ledit suppliant trompé des dits magistrats qui subornèrent l’ingéniaire à
changer de dessein et prendre la première et plus approchante ligne au grand
préjudice d’icelluy, il s’adressa au conseil de S. A. Sme en Liège
par requeste et apostille favorable, ce qui fut recessé que les intéressés
parles fortificationsàfaire devroyent estre restitué ; et y eut plusieurs
contestations et supplique présentée par le Sr Bourgmestre Jean de
Herve pour lors encore bourgmestre et ... s’y avant qu’il obtint de saditte A.
Sme en sa chambre de comte, le terme de cinq ans pour y furnir, et
rétribuer lesdits intéressé, pendant ledit terme accordé. Qu’il est vray que
pendant ledit terme on at rien donné pour les dégâts causés audit suppliant
bien loin de là estant lesdits cinque ans escoulé, les bourgmes de cette ville
obtindrent encore un apaisement et terme de deux ans et ainsy l’affaire est
demeuré en surcéanse, ayant ledit suppliant exposé en procédant pour se regard
beaucoup d’argent, qui deveroit luy estre remboursé par lesdits magistrats;
voyant le tort luy causé par quelque d’iceux comme est à faire voir en cas de
besoing, Davantage par l’occasion des dites murailles la vefve Colin de Rechain
vient lui dresser action contre ledit remonstrant ou ses locataires, deffindant
iceux de passer par la pied saine, prinnant depuis lesdittes murailles au
devant des maisons possédées lors par Collin Louwis et Simon le page, pour
arriver au-trou de pont de Secheval, allègantpar laditte vefve, de vouloir
estre bénéficiées de son pied saine, aussy bien que ledit suppliant l’es- toit
au delà desdittes murailles, ce qui causa audit remonstrant grand domage et
intèrest car il fut contraint pour ridimer vexation et ultérieure procédure,
d’acheter la pièce d’héritage de laditte vefve, le double plus haut pris qu’il
ne valoit, ce quil vérifiera s’il est besoing. En outre ledit procès assoupis par lachapt susdit, ceux de la rue de
Heuzier intre autres certains laurins de glace, et plusieurs autres de Se-
cheval ses ...., afin d’acoursir leurs chemin, dimandirent ouverture dans les
murailles desdittes fortifications, ce qui leur fut accordé, par les magistrats
de cette ditte ville, lequel ayant fait faire une grande porte, il falu que le
suppliant leurs suppléant le défaut, qui estoit la rondeur des pieres chaux et
massons, pour y adjuster leursdittes portes, ayant cousté cela audit
remonstrant plus de soixante florins bra- bants.
Laditte porte
estante ainsy postée et ledit passage par ledit suppléant bien agréé, et qu’on
y passoit librement voicy venir les magistrats de cette ville ordonner qu’on
auroit à retouper laditte porte avec piere et chaux de manière que Ion prit de
la chaux audit remontrant qui estoit là iondante sans luy en rien donner, pour
environ de trois patagôns, lequel on luy avoit promis de payer, tesmoins Colas
le masson de heuzier.
D’avantages les
mesmes magistrats, cela estant restoupé, ont ordonné de rompre les murailles
dudit remontrant, qui est entre luy et la vefve piere Graffart, pour y passer
les rondes qu’on faisoit, et afin de leurs faciliter tant mieux, il obtint
diceux dy apposer une porte avec sa serure et leurs en donnant les clefs : ce
qui a caussé audit suppliant environ dix fl. dix pàt.
Point contint de
cela ledit magistrat ordonnaient de rompre et faire encore deux autres
ouvertures, dans ses deux autres murailles, qui aboutissoyent sur celuy des fortifications,
allègant que cela leurs estoit préjudiciable, et que l’on pourroit ramper et
gaigner la ville par ses endroits là, pour lesquels retouper at falu encore
déboursé argent, qui toutefois devoit estre à la charge de la communauté.
Au surplus les
François sont venu abatre et faire abatre les dittes fortifications de ville,
et les ont fait enwaller un telle sorte que les pierres et autres matériaux
contiennent environ un journal de fond occupé : voyez comment l’on vient d’une
malheur à autres, et à quoy se résoudre, scavoir sy les magistrats les feront
transporter ou évacuer, pour rendr le fond utile ou quy qu’on ingéra de ce
faire, le tout soit meurement considéré.
Ledit remonstrant
veut espérer que Messieurs feront réflexion que les gens de guerres tant
Allemands que François luy ont ruiné ses grains et herbes croissant aux champs,
iusques à 4 ou 5 fois ensuivant, et quil n’en at aucun profit ny restitution,
ny espérance d’en recep voir iusques au présent, que pindant que les Allemands
estoyent a lentour d’icy que ledit suppliant at esté constraint d’achepter de
Guilliaume Nottay pour la subsitince de son mesnage plusieurs stier de fromint
à 10 1/2 fl. bb. chacun et le wassen à l’advenant. De surplus qu’araison de la
chirité et disette, les locataires du suppliant ont évacué de ses maisons sans
estre payé, lui ayant demeuré huict maisons vuide,presque iusques au pTît et
que ledit remontrant pour à celle fin d’entretenir lesdittes maisons en
posture, at esté contraint de faire entrer avec instante supplication des
pauvres et idiots locataires dans icelles, que cette pitié à quel vil prix il
luy a falu les laisser à louwage scavoir que ce qui s’at autrefois louwé à 66
Dallers il n’endevera recevoir que vingt cinq et ainsy ensuivant les autres.
Que ledit
remontrant at esté quitte de son plus précieux j’oyaux à la perte de son unique
fils, à la querelle qu| ceux de Limbourg nous ont fait (1), et ce at esté à la
sollicitation d’aucun magistrat.
.. il désire et souhaite de bon cœur que Ion
s’entinr
dasse de tout cecy, me submittant entièrement
à ce que l’on diroit réellement et selon justice comme le cas le requiert, à
(1) Dans la soirée
du 18 février 1674, il y avait eu, près de la foulerie du Chat, un combat entre
des Verviétois et des Espagnols de la garnison de Limbourg. Ceux-ci avaient été
repoussés et en se retirant, ils avaient emmené un jeune verviétois François
Blanchetète qu’ils avaient massacré en route. — Cf. Nautet.
38
quoy je me résoud absolument me submettre et
seray sur ce attendant voz bonnes intentions, qui suis Messieurs
votre très-humble et obéissant serviteur.
F. BLANCHETESTE.
Nous n’avons pu
savoir quel a été le résultat de cette supplique.
CHAPITRE III.
Avec ses remparts
de terre, ses fossés, ses murailles et ses portes, Verviers n’était pas une
place forte : il manquait de soldats, il manquait de donjon, dernier refuge des
assiégés. Il était tout au plus une ville fermée et pouvait rapousser les
agressions dé ces bandes de soldats pillards, qui, pendant la guerre, se
mettaient à la solde de l’un des belligérants et qui, à la paix, faisaient la
guerre pour leur propre compte, répandant la terreur parmi les populations
qu’ils pillaient sans pitié.
De Sonkeux, Detrooz, Nautet, etc., relatent divers
incidents de ce genre.
Contentons-nous
dans cette notice, de rappeler les circonstances dans lesquelles les
fortifications ont été démolies.
En 1667 commença la
guerre pour le droit de dévolution: les troupes de Louis XIV envahirent la
Flandre et le Hainaut.
L’Angleterre et les Provinces-Unies s'unirent à l’Espagne
et Louis XIV fut obligé, par le traité d’Aix-la-Chapelle du 2 mai 1668, de
rendre une partie de ses conquêtes.
Quelques années
plus tard, LouisXIV déclara la guerre à la Hollande, sous prétexte de la punir
de son intervention dans la campagne précédente.
Les hostilités
commencèrent au printemps de l’année 1672; les Français portèrent leurs armes
victorieuses dans les Pays-Bas espagnols, dans le pays de Liège, dans les Provinces
-Unies et même au delà du Rhin.
La conflagration
devint bientôt générale : le Pays de Liège déclara la guerre à la Hollande le
17 octobre 1672 ; et Espagne, à la France le 15 octobre 1673.
De Sonkeux et
Nautet nous ont laissé un récit émouvant, des souffrances endurées par les
Liégeois pendant cette guerre.
Dans le cours des
hostilités la ville de Verviers fut occupée par les Français en juillet et
août 1673, par les Impériaux de décembre 1674 au 18 janvier 1675,
et de nouveau par les Français à partir du 10 juin 1675 .
Louis XIV
constatant en 1675 que la guerre tirait à sa fin, prévit quà la paix, il ne
pourrait garder toutes ses conquêtes : il devrait, entre autres, rendre
certaines places fortes qui pourraient devenir dangereuses pour l'avenir et il
ordonna à ses lieutenants de n’en quitter aucune sans la démanteler complètement : et les murailles de Verviers furent démolies.
Donnons ici le
récit laissé par de Sonkeux : il est tiré du texte original que M. Chesselet a
eu l’obligeance de mettre à notre disposition : il y avait là un petit point
d’histoire locale à élucider, les historiens donnant des dates différentes, et
les copies de de Sonkeux présentant parfois certaines divergences.
« Démolition des
remparts de Vervier. — Les François de la garnison de Limbourg entrerèrent en
cette ville de Vervier le 15 avril 1676 et furent attachez à nos murailles avec
leurs instruments à les démolir, les magistrats ont convenu a M. de Livertier,
gouverneur de Limbourg pour le laisser entier par argent, il désistèrent à les
abattre le i7me ditto, mais cet accord ne fut que pour un peu de
tems, car y estant retourné derechef le iOrae novembre de même année
il achevèrent de les démolir, ayant à cet effet commandé tous les bourgeois de
la ditte ville, et tous les
Voir Nautet. Notices historiques sur le Pays de Liège, suivantes. -
paysans du Marquisat de Franchimont,. qui, à
contre cœur, défirent ce qui avoit épuiser l'argent delà vilîè. Les bâtiments
des portes furent conservé par argent, et comme ils vouloient faire sauter la
grande thour quarrée sur les heids, derière les Récolets, lesdits pères y ont
parvenus, ayant obtenu de M. d’Estrade, gouverneur de la ville de Maestricht la
permission de le démolir eux même» afin de conserveur leur couvent que les
pierres en sautant n’écraseroient ledit couvent. Us firent aussi démolir une
grosse redoute à la pêcherie, bâtie pour défendre la vanne du moulin, hors la
porte de Limbourg, proche cette ville ou on ne pouvoit entrer dans laditte
redoute qu’avec une échelle ».
Cette date du lo
novembre 1676 se retrouve dans Uii manuscrit appartenant à notre collègue M.
Depresseux et portant la suscription : Estât des exposez fait pour la communauté
de Theux par Gilles Hanster, commençant le iour de son élection à Testât de
Bûrguemrê deuxiesme novembre 1676. A la date du 10 novembre 1676 on lit :
«
Le mesme iour payé à un messager de Veruier quy at apporté ordre de nuict du
Gouverneur de Limbourgh pour faire commander deux cents homes de la marquisat
pour trauvailler au démolisiment des portes et murailles de la ville de
Veruier......
Ledit
iour 10e novembre payé à Laurent Lacroix pour avoir porté ledit
ordre à Monsr Lieutenant Collonel d’Hau- regarde pour faire
commander des homes du cartier de la Reyd. pour y auoir esté de nuict 10 patts.
Le
12rae ditto, payé à Grégoire de Thier pour avoir esté à Hautregarde
de nuict, porter ordre pour commander des homes pour trauvailler à la
démolition des portes et murailles de la Ville de Veruier iopattz».
Le i3e
novembre ie suis esté par auis de Messieurs du Magistrat à Veruier pour treuuer
Monseigneur îïrê gouverneur auffin d’apprendre de luy comênt nous Regler et
pour prendre égards sy nostre cost de deux cents homes estoit complet, n’ayeant
pas treuuar mondit Seigneur i aye la mesme receu un ordre du Gouverneur de
Limbourgh pour
faire commander
encore notre cost de deux cents homes aultre et aucjesseur de ceulx deia
commandé : dépensé auec les Bürguemrë des autres ban ^ 12 pattz.
Les murailles
étaient renversées. Les Etats du Pays de Liège invitèrent plusieurs fois jusque
en 1692 — la ville de Verviers à les relever.
Le 26 septembre
1690 ,lLes bourgmres et Conseil..., ordonnent que toutes les
brèches et advenues qui sont allentour de la ville devront être incèssamment réparées
et bouchées, ensuite des ordres donnés par S. A. que de M le Comte de Lynden,
nostre gouverneur, au S r Mo- rayken, commandant de cette ville,
notre confrère, auquel effet avons commis et députez comme par cette commettnos
et députons les Srs échevins Presseux et Bilstein, nos confrère
respectives, pour donner en ce rencontre les ordres convenables et pourveoir au
nécessaire de l’exposé, ordonnant à notre greffier de dépêcher la présente ».
Mais les grandes
guerres de Louis XIV avaient profondément modifié le régime militaire : le bon
temps des bandes pillardes était passé, l’art de l’attaque et de la défense des
places s’était transformé. Réparer simplement les brèches ne devait servir à
rien ; telle était du reste la conclusion donnée
le 5 novembre 1690 par un ingénieur après examen des lieux.
Le 22 mai 1692 , le bourgmestre Lepas fut envoyé à Liège à l’effet de « reprïîter
(représenter) au Conseil de guerre l’impossibilité qu’il y a d’empescher l’entrée
de cette ville ouverte de toutte part, et tacher d’obtenir une circonduction de
la peine audit ordre ».
A partir de ce
moment, il ne fut plus question de relever les murailles. Les matériaux en
provenant trouvèrent d’autres destinations : SaurUery (1) nous apprend qu’à la fin du
XVIIe siècle les Capucins obtinrent du magistrat d’adosser leur
maison aux murailles de la ville et d’en employer les pierres,
Saumery. Les
Délices du Pays de Liége
Le 10 mars 1698 , les Pères Récollets adressèrent une requête tendant à obtenir
des matériaux des murailles de la ville, pour être employés à la construction
de la chapelle de « celle que Ton peut dire avoir servi de rempart à Verviers
». Le magistrat accorda les matériaux demandés, à prendre depuis les ruines de
la tour sur les Heids jusqu’au bas chemin.
Leu octobre 1750, le magistrat autorisa les Récollectines à prendre 200
charretées de pierres des murailles de là ville pour la construction d’un
cloître rue de Hodimont.
*
* *
Les portes avaient
été sauvées dans le désastre de 1676. Simonon mentionne encore dans son plan,
les portes de Sommeleville, des Waines, de Heusy, de la Xhavéë et de Hodimont.
Comme elles n’étaient plus d’aucune utilité et quelles formaient des
étranglements très préjudiciables à la circulation elles furent démolies les
unes après les autres : Voici à ce sujet quelques renseignements.
Le 27 février 1809 , le conseil vota la démolition de la
porte de Sommeleville.
Le 8 mai 1813 ,, le sous-préfet Perigny ratifia la convention intervenue
le 6 avril, entre les communes de Verviers et de Hodimont pour la démolition de
la porte de Hodimont et l’élargissement de la voie de communication entre les
deux communes : chacune d’elle intervenait pour la moitié des frais.
Le 17 avril 1823 , la démolition de la porte de. la Xhavée fut décidée :
elle devenait un danger : la voûte s’était écroulée peu de temps auparavant.
La porte de Heusy,
dernier vestige de nos fortifications servit au siècle dernier de prison
dépendant du Marquisat de Franchimont, et en ce siècle de bureau d’octrois : à
l’abolition de ceux-ci elle fut occupée par divers locataires et fut démolie dans les circonstances suivantes.
Un arrêté royal du
26 novembre 1841 fixa l’alignement de la rue du Brou et de la rue de Heusy.
(Conseil 1841, p.328),
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Diverses constructions, entre autres la porte
de Heusy,furent condamnées à disparaître.
On voulut mettre
cet arrêté royal à exécution en 1862. A la séance du 21 mars 1862, le
bourgmestre donna au conseil communal, lecture d’une dépêche'ministérielle :
le Ministre consentait à intervenir pour une somme de 25,ooo frs. dans les
frais de l’élargissement de la rue du Brou, mais refusait d’intervenir dans la
démolition de la Porte de Heusy qui était la propriété de la Ville.
Sur la proposition
du bourgmestre, le Conseil décida de surseoir à la démolition de la porte de
Heusy.
A la séance du 19
septembre 1862, il fut donné lecture d’une requête d’habitants des rues de
Heusy, du Pont, de l’Abattoir, de Mangombroux, de la chaussée de Heusy, de la
place des Carmes et du Marché priant le conseil de décréter la démolition
immédiate de la porte de Heusy. Le Conseil décida que les bâtiments de la porte
de Heusy seraient démolis au mois de mai 1863, des congés devant être
signifiés aux locataires, et les terrains en dépendant concédés à l’Etat et aux
particuliers.
Le Conseil arrêta
le 14 novembre 1862 que la démolition s’effectuerait le Ier mai
1863, que la démolition aurait lieu par adjudication publique et accepta le
prix de 30 francs par mètre carré offert d’une part par M. Decourty, d’autre
part par M. Leroy pour le terrain qui resterait disponible.
Séance du 10 avril 1863. Il fut donné lecture d’un rapport du Bureau des travaux, informant que
le sieur Roufosse entrepreneur des travaux de construction de l’Abattoir, offrait le prix de 1600 fr. pour la démolition des bâtiments de la porte de Heusy, sous
la réserve de pouvoir réemployer les matériaux convenables dans la construction
de l’Abattoir.
Le Conseil accepta
cette offre avec la condition que les matériaux ne pourraient être réemployés
dans la construction de l’Abattoir qu’après avoir été reconnus susceptibles de
remploi par le bureau des travaux.
La
démolition commença le Ier mai 1863
Les fortifications s’abîmèrent dans le
gouffre de l'oubli.
Verviers, 2 juin 1899.
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